Je viens de lire le minuscule fascicule indigné que l'on m'a prêté.
Qu'en dire ?
Déjà, le pitch est nauséabond : le vieil homme, qui a tout fait pour le "Bien", parle de notre monde. Il ressuscite De Gaulle, la foi résistante, même la démocratie. La déclaration des droits de l'homme et tout. Peut-être faut-il commencer par démonter l'idée que la sagesse repose sur les vieillards pétris idéologiquement (et il y en a de deux sortes : ceux qui gueulent à table le dimanche à propos des minarets et ceux qui, youdi youdi, entendent défendre leurs idéaux bienveillants).
Le message est assez accrocheur. S'indigner oui. L'indifférence, non. C'est peut-être uniquement cela qu'il faut retenir de ce micro-essai parce qu'ensuite...
L'analyse des phénomènes actuels est inexistante, tellement pauvre. "Mes pauvres yeux ont vu". Cela se réduit à cela. Mais que porte t'il de plus son message à Monsieur Hessel ?
Ce qui est affligeant aussi, c'est le manque de perspective offerte par ce livre (excepté son titre...). Comment peut-il nous convaincre en n'exerçant pas lui-même, son sens critique sur sa propre expérience et ses propres idées ? Son délire nord-sud (qui n'en ai pas un malheureusement) est tellement conformiste - son idée de la démocratie aussi. La société actuelle est l'héritière des idées démocratiques qu'Hessel défend, où chacun porte sa chance, son projet, afin d'en faire bénéficier le collectif. La démocratie, c'est aussi une lutte, depuis son origine (qui prendra la place des aristocrates ? 1,2, Action). Sa position ne change pas depuis ces 20 ans. La déclaration universelle des droits de l'homme, ce vaste fiasco, n'est-ce pas aussi une vision occidentalisé de l'homme sur un universel ? L'indien a t'il conscience de la démocratie ? en a t-il besoin ? Selon Hessel, oui - c'est un imaginaire propre aux pays démocratisés qu'il entend répandre.
Quel manque de fond.Tellement peu d'analyses. Quelle indignation pauvre, angélique : "le monde est pas très beau : retour à nos belles valeurs". Mais quelles sont-elles aujourd'hui ?
Le vieillard n'écoute pas vraiment le monde : il l'entend seulement par son oreille dogmatique. C'est peut-être ça l'indignation.