Val McDermid est le genre d’auteure qui prend un malin plaisir à jouer avec les nerfs de son lecteur. C’est une chose qu’elle a apprit à développer au fil du temps et un plaisir qui prend de plus en plus d’ampleur à mesure que le temps passe.
En effet, dans les séries de Lindsay Gordon ou Kate Brannigan, alors que son niveau d’écriture était déjà bon mais pas encore au top, L’écrivaine jouait avec les situations et les personnages afin de nous offrir de bonnes intrigues mais ne mettait pas encore le spectateur dans tous ses états.
Avec la série des Carol et Tony, peu à peu cette petite fibre sadique s’est développée (d’ailleurs Karen Pirie, son autre héroïne du moment, en fait également les frais) jusqu’au point où j’en viens sérieusement à me demander ce que je ferai si un jour je me retrouvais face à cette auteure de génie : L’embrasserais-je pour tous ces bons moments, ces frissons et ces belles émotions vécut grâce à elle depuis des années ? Ou lui en collerais-je une pour les misères infligées à mon coeur et mes synapses ? En terminant Insidious Intent, j’ai ma réponse.
Clairement, la série des Tony et Carol est la plus aboutie de la part McDermid. Les personnages, que l’on suit depuis quelques années déjà, sont extrêmement creusés, la succession des livres à fait que nous les connaissons sur le bout des doigts et les enquêtes dans lesquelles elle les plonge sont délicieusement tordues et originales.
Avec le final de son précédent roman, McDermid semait la petite graine du doute et de la crainte. Une graine qui, dès lors que l’on ouvre Insidious Intent, commence à faire son ouvrage et à déployer en nous une petite inquiétude sous jacente concernant l’avenir de Carol. L’alcoolo-Dépendance de l’héroïne est certes inquiétante en soit, mais l’accumulation des fantômes qu’elle croit devoir s’attacher et la menace Penny Burges font que l’on sentirait presque une petite boule se former dans notre ventre alors que nous suivons l’enquête de Carol. Brillant.
Car au delà du fait que McDermid soit forte pour nous offrir des tueurs en série retors et machiavéliques, ce qui ajoute au charme de ses romans est le fait qu’elle soit capable de nous plonger dans l’ambiance des lieux et de nous faire ressentir les émotions de ses héros.
Le lecteur s’approprie les doutes, les craintes, les angoisses des héros et c’est ce qui transforme un bon thriller en un très bon thriller.
Mais Insidious Intent est plus, à vrai dire, qu’un simple thriller. Car s’il met en scène un tueur en série et des enquêteurs à sa poursuite, le fait qu’il soit aussi insaisissable fait que l’enquête piétine et que le ReMIT n’a pas grand chose à se mettre sous la dent. Le temps passe sans arrestation, sans nouvelle piste, mais pas sans action.
Car c’est l’occasion pour Paula de continuer à prendre de l’ampleur tout en gardant un oeil sur l’agrandissement de sa famille, et pour Stacey de prendre un peu plus de place dans le roman. Stacey Chen, informaticienne de génie, commence depuis quelques temps à entrer dans le merveilleux monde de la race humaine et à délivrer quelques uns de ses secrets. A vrai dire, il me semble que le personnage est assez mûr pour qu’un prochain tome se penche un peu plus sur son cas comme McDermid l’avait fait avec Paula.
De plus, comme je l’ai dis plus haut, l’auteure continue à creuser la psyché de Carol. Si Tony était passé à la moulinette avec tous ses problèmes par le passé, c’est au tour de Carol d’être la proie, victime de la plume malicieuse de l’écrivaine. Un vrai plaisir.
Insidious Intent n’a aucune honte à apporter à la série des Tony et Carol. L’enquête est peut être un peu moins palpitante que celles des autres romans, mais ce qui se passe autour est absolument génial et l’évolution des personnages, tout en étant assez logique, restes bluffante. Une petite perle qui se dévore et ne laissera pas vos nerfs indifférents.