Là, du coin de l'oeil, une poussière... Plus que ça, un petit corps étranger qui glisse doucement. Un petit être comme une soeur qui refuse de dire son nom, un doigt à la forme improbable qui souffle sur sa bouche un "shhht", tandis qu'elle est croquée d'un crayon de papier par la main de cet oeil d'Ambre, sur le coin des encyclopédies.


Yōko Ogawa imagine l'artiste, suggère le talent et l'inframince, dans l'histoire folle de trois enfants habillés de bric et de broc : queue de cheval cousue au pantalon, ailes de papillon, danseuse au collant déchiré. La petite fille, l'adolescente qui fuit ; le plus jeune à la voix coincée au fond des poumons et Ambre...
Mystère et magie de trois enfants dans le jardin de feuilles hautes mangées par un âne. Conte de pierres précieuses pour trois enfants. Conte d'un chien maudit pour quatre enfants.


Ambre dont l'oeil malade capte les rayons de l'au-delà à moins que ça ne soit les plis des roches. Au fil du temps, sous ses doigts, apparaît la carte d'un monde où sa mère cherche à coeur dévolu, les restes d'une petite fille disparue.
Et ce même Ambre plus tard, dans son gilet de cachemire tout doux et sa chambre troglodyte, trace encore les corps dansants, tandis qu'une femme l'observe comme une amie et cherche en lui la réponse à sa personnalité douce et silencieuse.


Instantanés d'Ambre a laissé le public d'Ogawa mitigé. Beaucoup n'ont pas saisi la portée de l'histoire. Où veut-elle en venir ? ont-ils dit, sans comprendre qu'il n'y a pas de sentier dessiné devant les yeux d'ambre.
Aucun message ne prévaut dans le conte des trois enfants, juste la sensation étrange, à la lisière d'ici et d'ailleurs. Instantané, car le mot est trop bien trouvé, qui dit tout du charme et de l'angoisse de l'enfance, de la beauté et la mélancolie des disparues. Tout cela transcendé par l'art.


Ogawa aime à déplier des personnages fantomatiques dont les rares paroles se suspendent au-dessus des paupières closes. Quelle portée y a-t-il à ça ? Aucune. Mais l'art comme Ambre n’ont pas valeur à expliquer le monde, tant qu'ils y vivent...


-> Critique publiée ici, aussi.

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le 4 déc. 2021

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