Poésie dans un jardin
Généralement la poésie de Yoko Ogawa est suggérée, implicite. Ici le procédé narratif est donc plus "classique". Mais attention tout est relatif, comme chez Haruki Murakami, elle excelle toujours...
Par
le 27 nov. 2020
1 j'aime
Là, du coin de l'oeil, une poussière... Plus que ça, un petit corps étranger qui glisse doucement. Un petit être comme une soeur qui refuse de dire son nom, un doigt à la forme improbable qui souffle sur sa bouche un "shhht", tandis qu'elle est croquée d'un crayon de papier par la main de cet oeil d'Ambre, sur le coin des encyclopédies.
Yōko Ogawa imagine l'artiste, suggère le talent et l'inframince, dans l'histoire folle de trois enfants habillés de bric et de broc : queue de cheval cousue au pantalon, ailes de papillon, danseuse au collant déchiré. La petite fille, l'adolescente qui fuit ; le plus jeune à la voix coincée au fond des poumons et Ambre...
Mystère et magie de trois enfants dans le jardin de feuilles hautes mangées par un âne. Conte de pierres précieuses pour trois enfants. Conte d'un chien maudit pour quatre enfants.
Ambre dont l'oeil malade capte les rayons de l'au-delà à moins que ça ne soit les plis des roches. Au fil du temps, sous ses doigts, apparaît la carte d'un monde où sa mère cherche à coeur dévolu, les restes d'une petite fille disparue.
Et ce même Ambre plus tard, dans son gilet de cachemire tout doux et sa chambre troglodyte, trace encore les corps dansants, tandis qu'une femme l'observe comme une amie et cherche en lui la réponse à sa personnalité douce et silencieuse.
Instantanés d'Ambre a laissé le public d'Ogawa mitigé. Beaucoup n'ont pas saisi la portée de l'histoire. Où veut-elle en venir ? ont-ils dit, sans comprendre qu'il n'y a pas de sentier dessiné devant les yeux d'ambre.
Aucun message ne prévaut dans le conte des trois enfants, juste la sensation étrange, à la lisière d'ici et d'ailleurs. Instantané, car le mot est trop bien trouvé, qui dit tout du charme et de l'angoisse de l'enfance, de la beauté et la mélancolie des disparues. Tout cela transcendé par l'art.
Ogawa aime à déplier des personnages fantomatiques dont les rares paroles se suspendent au-dessus des paupières closes. Quelle portée y a-t-il à ça ? Aucune. Mais l'art comme Ambre n’ont pas valeur à expliquer le monde, tant qu'ils y vivent...
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Livres et En 2020 je lus
Créée
le 4 déc. 2021
Critique lue 27 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Instantanés d'ambre
Généralement la poésie de Yoko Ogawa est suggérée, implicite. Ici le procédé narratif est donc plus "classique". Mais attention tout est relatif, comme chez Haruki Murakami, elle excelle toujours...
Par
le 27 nov. 2020
1 j'aime
Là, du coin de l'oeil, une poussière... Plus que ça, un petit corps étranger qui glisse doucement. Un petit être comme une soeur qui refuse de dire son nom, un doigt à la forme improbable qui souffle...
Par
le 4 déc. 2021
1 j'aime
L'histoire commence dans une résidence de personnes âgées, la narratrice qui a des doigts déformés, a été autrefois accompagnatrice au piano, elle se lie d'amitié avec M. Amber dont l'oeil gauche...
le 10 août 2018
1 j'aime
Du même critique
(edit août 2019) Voila, Fief je l'attendais avec impatience ! Mais ne voulais pas l'acheter pour autant : 17euros environ l'édition broché ne me tentait pas.On le dit d'ailleurs assez peu que lire...
Par
le 28 janv. 2019
4 j'aime
Le ciel gorgé d’étoiles est devenu une légende qui appartient aux lieux exempts de lampadaires et grosses usines. Mais, comme un rêve d’enfant persiste l’amour du lointain, des galaxies et des mondes...
Par
le 6 août 2023
3 j'aime
(Critique globale sur Chalandon) Sa voix grouille de mots qui trébuchent les uns sur les autres. Il veut en dire beaucoup, trop même. Dans sa langue se bousculent les récits de guerres et de vies, de...
Par
le 23 mars 2022
3 j'aime