Bon, n'y allons pas par quatre chemin, je ne sais pas si c'est la fait de ne pas avoir lu de dysptopies pendant très longtemps, de m'être ennuyée ou du moins de ne pas avoir été trop happée dans les histoires que je lisais, avoir fait des mauvais choix livresques, bref j'ai enfin mon vrai coup de cœur de cette année 2020. Merci le confinement "number 1", merci à tous ces sites qui ont mis à disposition des centaines d'ouvrages gratuitement, merci de m'avoir fait découvrir ce roman et puis oui, je vais rester chauvine : cocorico : une excellente dystopie française !!! Mais comment se fais-ce que j'en n'ai jamais entendu parler ? Parce que, soyons honnêtes, elle ne démérite pas à côté des grandes trilogies hyper connues et ultra médiatisées (oui je sais, je suis aujourd'hui dans l'utilisation démesurée de superlatifs !!!). Cette année, vous voulez vous faire plaisir avec une vrai bonne dystopie qui ne parle pas de pandémie, de fin du monde, de maladie, bref qui ne vous rappelle pas ce qui gravite autour de nous chaque jour, foncez, je vous assure, faites-moi confiance.
Mais dans tout ça qu'est-ce que Interfeel ? C'est l'histoire d'une bande de lycéens qui sont branchés en permanence à un réseau qui les aide à communiquer entre eux via des émotions. Mais le fait d'être branché en permanence a permis de lisser les émotions de ceux qui l'utilisent, de les rendre dociles, de les rendre passifs et tout simplement vides. Car dès qu'ils se débranchent, il sont envahis par la peur, par le malaise de ressentir par soi-même et d'avoir perdu le lien qui les unissent aux autres. Cette population est donc sans surprise : l'amour, l'amitié totalement artificiel, je trouve l'idée brillante et Antonin Atger a réussi à créer un monde extraordinaire autour de ce réseau.
Critique ouverte du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, monde envahi par les réseaux sociaux, par les ondes qui traversent nos corps où nous sommes branchés sans fils les uns les autres comme maintenant nos téléphones portables que nous posons sur des réceptacles et qui se rechargent sans être branchés par un fil. C'est de la magie pour certains, c'est le futur pour les autres, c'est ce qui risque de se passer dans les années à venir, Antonin Atger construit le monde de demain et on est en droit de se poser la question, comme à chaque grande évolution dans nos vie : à qui cela profite ?
Comme vous pouvez le constater ce livre m'a fait réfléchir sur notre place dans notre société et quoi de mieux pendant le confinement alors que déjà c'était une période de remise en questions pour beaucoup d'entre nous.
(Petite parenthèse, oui je suis très très en retard dans la rédaction de mes chroniques, et alors, ça tombe bien on reconfine "number 2" profitez pour le lire)
Malgré ces nombreuses questions, aucunement mon rythme de lecture a été altéré, un livre page turner comme on les aime : adolescents et adolescentes se croisent sur fond de sentiments humains ou non, et adultes pervers vont se mêler à l'histoire. Twist final, disparition, implosion des idées communes, peur de la différence, envie de vivre le soi-même et non pas le vivre des autres, être simplement un humain parmi les humains, vivre sa vie sans interférence, sans réseau, sans Interfeel : ici notre devise Liberté, Egalité, Fraternité n'a jamais été aussi forte.
Je sais je m'emballe, mais quand je repense que la semaine dernière, avant le reconfinèrent, j'ai eu la chance de visiter le château de Versailles quasiment vide et qu'à la sortie de la galerie des glaces, je vois trois adolescents, assis, vautrés sur une banquette en train de regarder leur téléphone au lieu de penser à la beauté, à l'histoire, à la chance de découvrir ce lieu dans l'intimité du moment, je crois que je ne fais définitivement pas parti de cette génération qui déboule derrière mes pas. Déjà trop accro à mon téléphone, j'ai besoin de pause, et ce livre m'a confirmé que les pauses technologiques sont essentielles pour avoir notre propre équilibre intello-sensoriel.
Mais revenons à ce roman, qui ne serait pas de la dystopie si la résistance n'était pas là, pour dénoncer et faire ouvrir les yeux à l'ensemble de la population qui ne comprend pas que ce qu'elle est devenue, et que la vie menée n'est pas la réalité. Ces jeunes héros vont se jeter dans le vide pour connaitre des sentiments violents, beaux, effrayants, énigmatiques, et devenir, ou redevenir des êtres comme à l'origine du monde ou presque ...
https://exulire.blogspot.com/2020/11/interfeel-t1-antonin-atger.html