Boarf, Heidegger fait en gros une analyse étymologique et grammatique de l'"être" à l'aide des textes de Parménide et d’Héraclite et on a droit à un jargon imbuvable (ester, estance, être-là, être-le-là, étant de l'être, perdominance...) propre à l'ontologie.


Mais du coup, Heidegger analyse ces textes comme s'ils étaient écrits par la main de Dieu, comme si ils contenaient la vérité sur l'existence et qu'il suffisait d'analyser et de décortiquer les phrases et les mots pour établir de vraies connaissances métaphysiques. Donc, quelle est la différence entre la métaphysique dogmatique que Kant critiquait, qui raisonnait à partir de concepts qu'elle ne démontrait même pas (l'existence de Dieu, un peu comme Leibniz et autres) et cette métaphysique d'Heidegger qui part du principe qu'il faut analyser les textes des penseurs grecs comme s'ils détenaient la vérité ? Dans les deux cas, on part sur un principe, un concept sans le démontrer... Comme si tout le travail de Kant n'avait servi à rien, comme si, finalement, les philosophes post-kantiens n'avaient fait que déplacer le problème.


La jargon alourdit la réflexion et la construction des phrases est tellement alambiquée qu'on en rit. En fait, on a Heidegger qui joue avec les mots, compare les langues (l'Allemand et le Grec), établit des relations, fait une analyse étymologique de l'être et essaye de relier tout ça, de conceptualiser le tout un langage ( estance, être-là etc...) absolu, final, qui collerait au plus près de l'essence de l'être....Comme si les mots permettaient de révéler l'essence des choses, la chose en soi.


Ce qui fait d'ailleurs penser à un passage de Vérité et mensonge au sens extra moral de Nietzsche qui renvoie directement au travail d'Heidegger :


"Comparées entre elles, les différentes montrent que les mots ne parviennent jamais à la vérité ni à une expression adéquate; s'il en était autrement, il n'y aurait pas en effet un si grand nombre de langues. La "chose en soi" (qui serait précisément la vérité pure et sans conséquence) reste totalement insaisissable et absolument indigne des efforts dont elle serait l'objet pour celui qui crée un langage. Il désigne seulement les rapports des hommes aux choses, et pour les exprimer il s'aide de métaphores les plus audacieuses. Transposer une excitation nerveuse en une image ! Première métaphore. L'image à son tour transformée en un son ! Deuxième métaphore."


Ce n'est pas très différent de ce que dit Kant puisque pour lui : " nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-même".


On en revient toujours au même point.

Gahisto
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le 25 janv. 2017

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