Écrite par le journaliste anglais Mick Wall, L'Épopée des Killers retrace le parcours d'un des plus grands – si ne n'est le plus grand – groupes de heavy metal du monde, Iron Maiden. Principalement destiné aux fans, cet ouvrage couvre la période 1975-2004 mais s'attache tout particulièrement aux premières années, des petits concerts dans l'Est londonien à la sortie de l'album Killers, le dernier avec le chanteur sous speed Paul Di'Anno. La moitié du bouquin est consacrée à cette belle époque.
Ce choix éditorial permet d'approfondir les conditions qui ont permis à Maiden d'exploser, alors que le metal était en perte de vitesse en Angleterre, ringardisé par le punk. Si la personnalité hors-norme du bassiste Steve Harris explique bien des choses, le livre de Mick Wall rappelle l'importance du réseau et des rencontres (le manager Rod Smallwood allait vite se montrer indispensable) pour accéder à certaines salles de concerts – ne serait-ce que dans l'Ouest londonien –, séduire les maisons d'édition et jouer en première partie de groupes prestigieux tels que Kiss ou Judas Priest.
L'atmosphère si particulière du Londres des années 1970 (et de ses pubs) est fort bien racontée, émaillée d'éléments biographiques des premiers musiciens d'Iron Maiden. Tous d'origine modeste, ils trouvent dans la musique un ascenseur social qui, s'il prend son temps pour quitter le rez-de-chaussée, leur permettra finalement de réaliser leurs rêves, sans jamais se renier. Le groupe restera toujours la priorité, quitte à évincer certains de ses membres pas assez investis ou performants en tournée (Paul Di'Anno, Dennis Stratton, Clive Burr, Blaze Bayley...).
Si Mick Wall s'autorise quelques rapides commentaires relevant de la critique musicale, son livre se concentre sur la carrière du groupe et la personnalité des musiciens, tous longuement interviewés au fil des pages. C'est la principale qualité de l'ouvrage, très riche à ce niveau. Dommage que la traduction soit parfois approximative et que les coquilles s'invitent un peu trop souvent à la fête, notamment dans la deuxième partie. Les quelques photos en noir et blanc, sympathiques, s'avèrent aussi trop petites pour assurer pleinement leur rôle. La vitesse avec laquelle est traitée la discographie post-Number of the Beast laisse clairement sur sa faim, même si tous les chapitres se dévorent avec appétit.
Il n'empêche, L'Épopée des Killers passionnera n'importe quel amateur de la Vierge de fer, qui s'empressera d'aller redécouvrir leur discographie détaillée, B-sides inclus. Une saine lecture.