Encore une idée rigolote signée Anne Fine ! Une idée qui est l’occasion de quiproquos et de cachotteries sans fin, dont elle a le réjouissant secret. Les mensonges s’enchaînent, et on se demande bien comment tout ceci va pouvoir se terminer.
Le roman se déroule l’espace d’une journée, quelques heures synonymes de cauchemar pour Boris – et d’une belle brochette de sourires pour le lecteur, ravi d’entendre un tel chapelet d’horreurs sortir de la bouche d’un enfant.
Car le jeune Ivan a le chic pour exprimer des idées plus terribles et cruelles les unes que les autres, servies avec un sourire radieux qui embobine les adultes dupés par la barrière de la langue.
On s’amuse beaucoup, bien sûr, de ce décalage permanent, de l’imaginaire mortifère d’Ivan, mais aussi des réactions (plus ou moins) habiles de Boris.
Et puis, mine de rien, Anne Fine égratigne un peu le vernis trop brillant pour être honnête du petit monde de l’enfance, notamment à l’école.
Elle cible par exemple la cruauté des comptines pour enfants, ânonnées sans jamais réfléchir aux paroles, ou l’hypocrisie des discours sur les bonnes manières et la pensée positive.
Ses origines russes offrent à Ivan un filtre impitoyable sur certaines de nos habitudes, des choses si usuelles qu’on oublie d’y réfléchir.
Un petit roman facile et amusant, mais aussi très malin.