Quel drôle de livre que celui-ci ! Mouloud Akkouche nous donne ici à imaginer un monde apocalyptique que l'on ne fait qu'entrevoir. En effet, nous sommes ici sur une île qui a été l'endroit par excellence où aller et où acheter une maison secondaire pour tout millionnaires et milliardaires qui se respecte. Oui mais voilà, la population estivalière ne revient pas. Et c'est ainsi 10 ans qui passent pour le dernier habitant de l'île, un vieil homme né sur ce petit bout de terre isolé. 10 ans à s'occuper jour après jour des villas abandonnés, de la route, de l'école et du cimetière en attendant patiemment le retour des vacanciers.
On est effectivement devant une ellipse : on ne sait pas pourquoi la population a quitté l'île de manière définitive, on ne sait pas ce qui leur est arrivé... On ne sait finalement pas grand chose si ce n'est de l'île elle-même et de ses bâtiments abandonnés. On ne peut qu'imaginer que nous sommes ici face à l'apocalypse, la fin d'un monde. Pour preuve : ces cadavres échoués qui possèdent tous le même tatouage sur la nuque. Pourquoi ? Un monde qui serait devenu un enclos rempli d'esclaves humains ? Un super dictateur qui s'assure de l'asservissement de la population ? Impossible à savoir. Et la jeune femme échouée ne peut pas nous être d'un grand secours : incapable de parler, elle est en plus amnésique.
Jardin des oubliés est une agréable lecture, un roman poétique où même la fin souligne la douceur de la plume de Mouloud Akkouche.