Critique de Shaynning
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le 23 oct. 2022
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Voici un sympathique petit roman saupoudré d'humour sur la thématique des prénoms et de la diversité linguistique.
Wlodjimyerz est un jeune garçon et d'aussi loin que remonte sa scolarité, son prénom est un poids. Soit les personnes autours de lui ne parviennent pas à le prononcer, soit on lui trouve des sonorités communes avec des mots insultants. Nemo, l'un des autres étudiants, aime particulièrement malmener Wlodjimyerz et ne rate pas une occasion de se moquer de son exotique. Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit, au fond, d'exotisme. Placé dans le pays d'où il provient, ce nom perdrait toute distinction, il serait même probablement banal! Mais voilà, nous sommes en France, pas en Pologne et Wlodjimyerz a beau tout tenter, son nom lui colle à la peau. Même en lui trouvant un diminutif, en changeant pour un surnom, en tentant de le cacher. Et puis, ce nom lui a été donné en l'honneur de son grand-père, tenter de ne pas l'utiliser fait de la peine à sa mère. Heureusement, notre jeune protagoniste connaitra trois évènements majeurs: il ira en Pologne, rencontrera une étudiante Galloise au nom particulier ( Gwenhwyfar ) et aura une professeur au nom terriblement long qui aura beaucoup à lui apporter en matière de fierté nominale.
Voilà un sujet assurément d'actualité, en cette époque de grandes mouvances ethniques et de villes cosmopolites. Que ce soit dans les écoles, les camp de jour, les équipes de sport et autres lieux de regroupements, les enfants portent des noms issus des quatre coins du globe et ce peut être embêtant quand ces prénoms ne collent pas du tout à notre langage. Ça donne lieu à une sacrée gymnastique linguistique!
C'est donc un beau message qu'on porte ici: un prénom est un héritage dont il faut être fier/fière et il importe aux gens du pays en présence de chercher à bien le prononcer, ne serait-ce que par respect pour eux. Oui, ça va donner lieu à du cafouillage et autres contorsions de la langue, mais c'est faisable et c'est souhaitable.
J'étais quand même surpris de voir qu'aucun adulte n'est intervenu concernant Nemo, parce que , soyons francs, c'était presque du harcèlement en plus d'être de l'intimidation.
J'apprécie que les adultes n'aient pas été épargnés dans cette histoire, dont certains étaient limite odieux ( la prof qui ignore Wlodjimyerz, notamment), ceux qui prononçaient n'importent comment et ceux qui passaient pas les surnoms. L'idée est que ce n'est pas parce que les adultes agissent ainsi que cela est acceptable.
Finalement, à travers toutes ses péripéties linguistiques, j'aime bien le lien fait avec le scrabble. D'une certaine manière, entre entouré de sons variés et de prénoms exotiques est sans aucuns doutes excellent pour apprendre des mots ou même des langues.
Un beau petite roman avec de courts chapitres et des illustrations qui est remplit de beau messages.
Pour un lectorat du second cycle primaire ( 8-9 ans en montant).
Capsule Info: Il y a un petit élément qui m'aura amusé concernant les SURNOMS. Je ne sais pas pour les européens, mais ici, en Amérique du Nord, on est de vrais champions en matière de surnoms, parce qu'un prénom complet est de mise dans les situations officielles ou sérieuses. Alors, exotique ou nom, court ou long, on coupe les prénoms pour tout le monde, entre amis ou entre étudiants, et même en famille! Surtout les noms composés! D'ailleurs, fait amusant, le seul temps où on peut se faire appeler par son nom en entier est généralement quand on se fait reprocher quelque chose et que la personne qui interpelle est en colère. ^^ du genre: "François-Alexandre Dubois-Robicheau, pourquoi n'avez-vous pas fait votre devoir?" Et c'est souvent soit un parent, soit un prof! Alors si vous venez de notre côté du grand bassin d'eau, ne vous offusquez pas qu'on coupe votre nom, en fait, c'est plutôt bon signe puisque c'est à connotation amicale!
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Créée
le 26 mars 2021
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