Angel Alcala Llach a maintenant 90 ans. Il a tout vu, tout connu. Il raconte l’histoire de sa famille, de ses jeunes années, de son engagement pour une Espagne libre, moderne et surtout républicaine.


Un roman, outre sa capacité à nous évader, peut avoir une autre fonction, celle de nous instruire, de nous rappeler d’où nous venons. Avec Je mourrai une autre fois d’Isabelle Alonso, cela a été mon cas. Je m’explique. Mon grand-père paternel était Espagnol. Il a quitté son pays pour la France. Il est décédé alors que je n’avais que trois ans. Je n’en ai aucun souvenir. Je me suis jamais intéressée à son passé… Pourtant j’aurais pu questionner mon père à ce sujet. Mais l’Espagne, son Histoire n’ont jamais fait partie des sujets que je voulais approfondir. A part savoir qu’il y avait eu Franco et ensuite la monarchie, je ne sais rien.


Grâce à Isabelle Alonso et à cette histoire, je me rends compte que j’ai raté beaucoup de choses concernant ces personnes qui ont élu une République, qui se sont battues pour elle, qui en sont mortes. L’Espagne a été seule pour affronter tout ça, alors que l’Europe est à feu et à sang avec Hitler. L’Espagne n’a reçu pratiquement aucune aide. Les gens ont énormément souffert, les frontières ont été fermées. Le livre d’Isabelle Alonso nous offre tout ça avec le récit d’Angel Alcala Llach qui est maintenant nonagénaire. Le lecteur se sent très proche de cet enfant qui grandit, entouré des siens, de sa famille qui a toujours été moderne dans ses idées et cela ne date pas de ses parents. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’ils soient athées, que la religion catholique n’ait aucune prise sur eux. Dans une Espagne aussi traditionaliste, aussi religieuse, cela a de quoi détonner. Mais c’est franchement agréable. Angel est un enfant observateur. Il veut apprendre tant et plus. L’école lui manquera toujours mais il dévorera tout ce qui lui tombe sous la main. Vivre dans une famille moderne, où la mère n’est pas si présente que ça pour brimer ses enfants, Angel aura la possibilité de faire son éducation par lui-même, d’être libre dans ses choix, ses idées, même si elles rejoignent celles de sa famille. Il a soif d’apprendre, il a soif d’aider, il a soif de s’engager pour libérer son pays. A quinze ans, il a de la suite dans les idées. Si jeune et pourtant il vivra la folie, la douleur, la dureté d’un pays en guerre. L’Espagne paiera un lourd tribu de ce régime totalitaire, archaïque. Outre Angel, les parents gagnent également à être connus, tout comme les amis, les connaissances du jeune garçon. Tous ont quelque chose qui fait que le lecteur les aime, même si j’ai eu du mal avec la mère.


Isabelle Alonso a un fabuleux pouvoir. Les mots sont tendres, ironiques, souriants lors des premières années d’Angel. Ensuite, les mots claquent comme des coups de fusil car la guerre et l’urgence sont là. Un livre vraiment très politique mais raconté comme un roman. Le lecteur se laisse prendre par l’histoire, avec un h et un H, par la qualité de ces mots. Le livre est vraiment dense, je ne vais pas en raconter toute l’histoire. Ce ne serait pas rendre hommage à Isabelle Alonso car je souhaite que d’autres lecteurs se laissent happer par elle. C’est la première fois que je lis Isabelle Alonso et j’en suis ravie. Ce n’est pas un coup de coeur à proprement parlé mais ça y ressemble. Merci.

Angélita
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le 6 févr. 2016

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