Je ne vais pas me cacher d’avoir survolé le bouquin et de n’y avoir consacré que 2 heures de mon temps quitte à discréditer le propos qui suit. Mais 2 heures, c’est déjà beaucoup. Il faut bien prendre conscience que lire du Zemmour est quelque chose de pénible car il écrit aussi mal qu’il s’exprime.

Une fois ce point effectué, je dois avouer que j’ai été quelque peu déçu. On est ici dans un descriptif, ou plutôt une espèce de thérapie de son échec à la présidentielle. Le texte n’est pas sans faire penser au bouquin de Hollande, « Les leçons du pouvoir », dans lequel l’ancien président ne tirait aucune leçon du pouvoir, résumait son quinquennat en disait qu’il avait bien bossé et qu’il avait tenu tous ses engagements. Dans ce bouquin, là où Hollande n’avait même pas essayé de se représenter, Zemmour lui, semblait y croire dur comme fer. Et il semble être tombé de haut.

L’essentiel du texte va donc consister à se plaindre, à chouiner, gémir et se lamenter. D’où une lecture un peu lourde, même si cela colle assez avec le personnage.

Il va en premier lieu se plaindre des médias. Je dois avouer que j’ai pas mal ri sur ce passage. Et je peux vous assurer qu’un auteur qui fait rire, c’est rare. C’est toujours amusant de le voir cracher ainsi dans la soupe. La quasi-totalité des plateaux télé ont un tapis rouge brodé à son nom, il était la personnalité la plus cité et la plus présente chez Hanouna avant la présidentielle et dans la globalité des médias de Bolloré (40% de temps d’antenne lui était consacré sur CNews) et pourtant, il vient te dire qu’on l’a pas assez vu. Et ce qu’il y a d’effarant dans son analyse, c’est qu’il estime qu’il s’en prenait plein la gueule et que c’était trop pas gentil. Le mec s’est fait taillé des pipes par toutes les Léa Salamé de tous les plateaux télé et radio pendant 6 mois et maintenant il vient se plaindre qu’elles ne s’étaient pas lavées les dents avant. Assez gonflé le gars. Sincèrement, si Zemmour chiait sur le bureau de Patrick Cohen, ce dernier trouverait qu’il a bien mangé.

Alors, évidemment, il oublie de parler de toutes les fois où il s’est pris les pieds dans le tapis (pas chez Bolloré donc) quand un interlocuteur un minimum renseigné le mettait face à ses propres contradictions. La mémoire d’un vichyste semble aussi sélective que celle d’un malade d’Alzheimer. Je vous invite à lire « L’histoire contre Zemmour » pour avoir une approche de sa façon d’interpréter l’histoire et de mater des vidéos où il se retrouve face à des historiens pour voir comment son argumentaire s’effondre comme un château de cartes.

Enfin, quoi qu’il en soit, fini la belle époque où Zemmour réinventait l’histoire de France dans ses bouquins et tentait de réhabiliter Vichy et Pétain. C’était pourtant beaucoup plus drôle pour la simple et bonne raison que le ridicule est souvent drôle. Mais là, il tire un bilan sans réflexion de son aventure de la présidentielle et c’est barbant.

Mais ce qu’il y a de tout de même fascinant dans ce déni de réalité qui semble plus relever d’un cas clinique que d’une naïveté puérile, c’est le fait que le mec est persuadé d’avoir non seulement raison dans ce qu’il dit, mais de penser qu’il est également le sauveur de la France. Or, le cadre idéologique qui consiste à réhabiliter Pétain et de le mettre à côté de De Gaulle, n’est qu’une grossière entrée pour l’extrême droite afin de justifier sa place à côté de la droite républicaine. Le souci dans cette tentative de réhabilitation, c’est que contrairement à Pétain, De Gaulle voulait unifier. De Gaulle n’a jamais parlé de trier les gens sur leurs prénoms.

Bref, ce bouquin ne fait que confirmer ce que je savais déjà. Zemmour est un homme qui a peur. Peur de la différence, peur des autres, peur de ce qui ne lui ressemble pas. Zemmour est même prêt à partir en guerre pour vaincre cette peur. Enfin, plutôt d’envoyer les autres faire sa guerre, parce que Zemmour, si tu lui mets un fusil dans les mains, il tombe en avant sous le poids.

Ce bouquin traduit selon moi le fait qu’au final, Zemmour n’est qu’un gosse terrorisé dans une cour de récréation qui va chercher à se protéger en se cachant sous les jupes de la maitresse. Dénonciation, lynchage, victimisation le tout saupoudré d’une paranoïa qui alimente ses angoisses les plus enfouies, Zemmour ne fait plus autant rire que dans Le Suicide Français. Il se lamente de la disparition d’une France, qui heureusement, n’a jamais existé. S’il ne devait y avoir qu’un livre à brûler, celui-ci figurerait dans le top 3.

villou
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le 15 avr. 2023

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villou

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