À la fois roman policier et roman d’initiation, "Je n’ai pas peur" est peut-être encore une allégorie d’un monde sur lequel règne le silence, celui des « années de plomb » ou de l’"omertà". D’une ficelle scénaristique somme toute banale — un enfant découvre malgré lui ce qu’il n’aurait pas dû découvrir —, utilisée depuis le Club des Cinq jusqu’à Julie Lescaut, ce qui n’est pas vraiment un label rouge, Ammaniti parvient à tirer deux cents pages qui se laissent lire.
On peut craindre, si l’on aime les œuvres closes, de rester sur sa faim. On peut aussi trouver les procédés et les thèmes un peu faciles : narration linéaire à tension croissante, milieu fermé, beau décor bien typique et canicule de rigueur, personnage principal auquel il est difficile de ne pas s’attacher... Mais si le roman ne déroute jamais, il a le mérite d’éviter le manichéisme — ce qui ne va pas de soi dans un récit initiatique — et de ne pas en rajouter dans l’apitoiement. L’auteur fait en sorte que son lecteur n’aimerait finalement être à la place d’aucun personnage : généralement un gage de qualité pas si courant dans la production romanesque actuelle.
Alcofribas
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le 6 janv. 2015

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