Incontournable Mai 2023
La maison Bayard Canada est bien connue pour ses collections, en librairie jeunesse, notamment avec celles pour les ado "Crypto" et 'Oser Lire", ainsi que la très sympathique collection Zèbre, pour les Intermédiaires et les ados. Elle semble vouloir se tourner, avec cette nouvelle collection inspirée de la Zèbre, avec "Zèbre à roulettes", destinée à un lectorat du second cycle primaire cette fois, les 3 et 4e année environ ( 8 à 10 ans).
Ce sont des romans en petit formats d'environ 150 pages, illustrés comme le sont leurs grand frères Zèbres, mais ils ont des ajouts de jeux. Devinettes, trouve-différences, cherche-et-trouve, il y a donc un volet interactif dans ces petits zèbres à roulettes, qui n'est nullement obligatoire. Ils viennent aussi avec leur propre marque-page. Pour leur départ, ils sont au nombre de quatre. J'ai choisi celui-ci, puisque qu'il aborde un sujet qui m'interpelle: le trafic d'animaux.
Un peu à la manière des films de Blue Sky "Rio" et du films de Pixar "Trouver Némo", "Je ne m'appelle pas Coco" met en vedette un animal qu'on a kidnappé à même son milieu naturel, pour d'homo sapiennes raisons.
Grozozo, du nom qu'il finira par porter, est né dans son milieu naturel, quelque part en Afrique équatoriale. Braconné et conduit au Québec, l'oiseau va se retrouver dans le monde des humains. Dès lors, les acheteurs et les voleurs se succèdent, mais notre oiseau malicieux n'y est pas étranger. Indigné d'être traité comme un oiseau imbécile, notre perroquet est aussi diablement agacé d'être sans arrêt appelé "Coco". Il met en place toute sorte de machinations et ruses pour changer de propriétaire, des mauvais coups aux morsures - Il s'en excuse d'ailleurs à chaque fois. Au rythme des rencontres, dont le prix de sa revente ne cesse de baisser, c'est aussi divers préjugés contre les perroquets et de mauvaises raisons d'adopter un animal qui se succèdent, du moins jusqu'à Numéro 37a et 37b - Nos humains portent des numéros en guise de nom. Ces deux-là, elles vivent avec des animaux divers, mais pas n'importe lesquels! Des animaux handicapés, vieux, abandonnés. Bref, il a attérit dans un refuge pour animaux, où il peut être le perroquet peu bavard, indépendant et intelligent qu'il est. Mais bon, Mona et Lisa sont attachantes et comme c'est Lisa qui lui a trouvé un nom, il se pourrait bien qu'il fasse une entorse à ses règles et choisissent éventuellement de parler...
Après quelques recherches, il se trouve qu'en effet, le Gris du Gabon est connu pour sa capacité à imiter le langage et même de le situer dans un contexte. Reste que c’est un oiseau, comme bon nombre de perroquets, qui figure sur la sinistre liste des oiseaux menacés d'extinction - Merci Homo Sapiens Deux-Fois! Le braconnage des oiseaux et la destruction de leur habitat naturel en sont les principales causes.
L'histoire a de quoi faire sourire, car "Coco" est en effet un nom chroniquement employé pour les oiseaux, surtout les perruches et les perroquets, autant dans la vie de tous les jours que dans la fiction, papier ou film! Curieux, tout-de-même, ce manque d'originalité généralisé! Quoique quand on pense au trillions de chats nommés "Duchesse" et aux chiens nommés "Max"...Bref, il y a de quoi sourire. À charge de revanche, notre oiseau a préféré le détachement affectif en donnant des numéros aux humains. C'est de bonne guerre.
On croisera dans le récit divers mauvaises raisons d'adopter des animaux: s'en servir comme parure, s'en servir comme valeur ajouté à un décor, s'en servir comme expérience, s'en servir comme attrape-client, etc. Le principal problème réside justement là: "S'en servir". Mona et Lisa ( ohoho le clin d'oeil artistique!) l'ont "adopté", là est la nuance. J'aime les histoires où on aborde l'aspect affectif lié aux animaux de compagnie. Ce sont des êtres vivants dotés de personnalité et méritent d'être considérés comme des membres de la famille, pas de vulgaires décorations ou pire, de trophée.
Grozozo a un sacré sens de l'humour en plus. Un brin snob et pleins de confiance en son intelligence, il nous fait souvent rentrer dans ses plans et exprime son indignation clairement. On a donc une contribution psychologique de base, ce qui est intéressant. Le récit est écrit au "je" et sollicite la contribution du lecteur dans quelques jeux ou questions.
La police est assez grosse, mais pas aussi gigantesque que certains romans "à grosse police" que j'ai croisé ( et je n'aime vraiment pas, parce que c,est tout de même beaucoup de papier pour des textes aussi médiocres). La mise en page est donc assez aérée et comme il y a présence d'illustrations, ce l'est d'autant plus. Ce n'est donc pas un 150 pages standards, plutôt un 50 pages très étiré.
Enfin, il y a présence de répétitions, soit dans les phrases ou dans la forme. Je ne dis pas ça de manière péjorative, je pense que cette formule répétitive peut aider les lecteurs moins habiles, mais elle peut agacé les plus habiles. C'est à voir. En même temps, la répétition suit aussi un axe humoristique, donc ça ne devient aussi agaçant que l'aurait d'abord cru.
En somme, il s'agit d'un sympathique petit roman, avec un bon sujet pertinent, un héro attachant et comique, avec nombre de péripéties rocambolesques. Je pense que les petits Zèbres à roulette ira chercher le lectorat des 3e année assez bien, surtout les amateurs et amatrices d'humour et de récits avec support graphique. Je pense également qu'on peut aller chercher les niveaux scolaires supérieurs de la 4e et de la 5e année pour les enfants à défis en lecture et/ou allophones. Enfin, pourquoi pas les 2e années qui sont vraiment habiles en lecture, mais qui du fait de leur jeune âge, ont parfois du mal à trouver des lectures adaptés à leur haut niveau?
**Précisions sur la langue pour nos amis européens: Le français est international il y a très peu, voir pas de québécismes et les termes employés sont généraux.
Pour un lectorat du deuxième cycle primaire, 8-9 ans.
Catégorisation: Roman fiction humoristique québecois, littérature jeunesse intermédiaire, deuxième cycle primaire, 8-9 ans
Note: 7/10