Il est difficile de contester la qualité de la description psychologique que nous offre l'auteure à propos de ses deux personnages principaux, Léonie et Simon, 2 jeunes cabossés par la vie, orphelins de mère et poursuivis par leurs propres blessures profondes et anciennes de rejet et de solitude. 2 âmes esseulées et inadaptées au commun des mortels, qui parviennent tant bien que mal à s'adapter et à se faire un tant soit peu accepter par les milliers de Lotte et Koen, ces gens normaux, qui ont grandi dans une famille normale, et fondent leur petite famille parfaite normale, et qui, enfermés dans leur bulle d'aveuglement et d'égoïsme, ne voient pas (ou ne veulent pas voir) le douleur de ceux qui n'ont pas leur chance. Simon et Léo y parviennent, parce qu'ils sont là l'un pour l'autre et se comprennent mutuellement, se sentant moins seuls et se soutenant tels 2 poteaux penchés qui s'appuient l'un sur l'autre pour tenir debout.
Sauf que l'un des poteaux vacille, et que la maladie mentale s'en mêle. Magnifique tableau de la bipolarité, très bien dépeint, mais aussi, malheureusement, des limites de la prise en charge hospitalière et médicamenteuse de cette dernière. Très belles démonstrations d'amour, de courage et d'abnégation dans les réactions de Léo, qui arrive dans mon top 5 des héroïnes de roman. Son personnage est touchant de réalisme, de détails psychologiques. Celui de Simon est à la fois touchant et horrifiant (la scène du chat, mon Dieu), légèrement écœurant (pourquoi cet acharnement de l'auteur à donner dans le cru et dans le beurk, avec force détails concernant les crottes de nez, les sécrétions lacrymales, les cheveux dégueu, le sexe pendant ou même, le torchage de derch' après la grosse commission ? Par pitié, un peu de respect pour l'intimité des personnages !). Quant à ceux de Lotte et Koen, ils sont apparus dès le début à mes yeux, totalement pathétiques et à vomir - ce que la fin du roman n'a fait que confirmer. Ils sont le stéréotype même des petits couples parfaits, moralisateurs, vite mesquins et surtout très égoïstes, que je déteste de tout mon cœur.
En bref, ce roman est une pépite psychologique, avec seulement à déplorer, un ventre mou un peu long au milieu, qui a presque failli me faire décrocher (ce que je n'ai pas pu me résoudre à faire, tant je ne voulais pas abandonner Léo).