Je suis la marquise de Carabas par BibliOrnitho
La narratrice – qui est aussi l’auteur de ce roman autobiographique – découvre qu’elle est issue d’une famille de saltimbanques : des marionnettistes vivants dans une roulotte et se produisant de ville en ville à travers toute la France. Elle entreprend de questionner son grand-père (Emile, dit Mimile) sur ce piano que nul n’a le droit de toucher, sur ces vieilles roulottes qui terminent de pourrir au milieu des ronces. C’est Auguste Pitou qui, le premier en 1850, parvient à convaincre Chok de le prendre avec lui. Très vite, il apprend le métier et épouse la fille de son mentor. Un enfant nait, apprend aux côtés de ses parents et de son grand-père. Et prend la relève, avec ces hauts et ces bas, des succès et ces difficultés. Enfant qui se marie et qui enfante à son tour.
Tout au long des cinq générations (de Chok à Mimile), le théâtre ambulant évolue, au gré de leurs propriétaires et de l’époque. Le lecteur assiste à l’invention des spectacles, la création des décors, de la mise en scène, à la confection des costumes. Il entre dans l’intimité des artistes, arpente les coulisses, contemple l’envers du décor et sillonne le Second Empire, la guerre de 1870, la jeune République et la Première Guerre mondiale, assiste à l’avènement du cinéma, muet d’abord, parlant ensuite. Et vit la sédentarisation aux côtés de ses nomades déboussolés.
L’auteur découvre son passé. Elle est effarée d’ignorer cette vie qui fut celle de son aïeul au cours de sa jeunesse. Elle lui en veut également un peu tout en comprenant ses réticences, ses difficultés pour en parler : sa douleur à la vente du théâtre, la douleur d’être celui qui a jeté l’éponge.
L’auteur nous parle de son passé avec autant de talent que d’émotion. Le texte est superbe et contribue à la magie de l’ensemble dominé par Crasmagne, la marionnette vedette de la troupe. Une très belle lecture.
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