Sedaris a plutôt une bonne réputation, en tant que stand up comedian (ce beau métier d'artiste typiquement américain) et "écrivain" (en fait, ce sont ses sketches qu'il me paraît mettre en forme dans ses livres, mais je me trompe peut-être...). Pourtant, lire dans son intégralité "Je suis très à cheval sur les principes" s'est avéré pour moi une épreuve, dont j'ai eu du mal à voir la fin (et on ne parle que de 330 petites pages !). J'admets que lire un humoriste, quel qu'il soit, dans une version traduite est déjà un handicap, et je n'ai aucune excuse à ne pas l'avoir lu "dans le texte" : en français, il ne me semble subsister que quelques traits d'humour, ça et là, qui m'ont arraché un vague sourire ou au mieux un bref éclat de rire. En fait, je me suis surtout rendu compte que, sevré comme je l'ai été d'humour anglais, cruel et élégant, j'avais du mal à aimer cette version bâtarde que nous propose Sedaris, américain d'origine grec qui se présente surtout comme une caricature de "tapette" : chez lui, l'auto-dérision, tellement fondamentale chez nos amis britanniques, m'a paru ni plus ni moins qu'une "pose", sans doute trop outrancière pour être sincère. A force de vacheries, même dirigées contre lui-même, Sedaris m'a donné plutôt l'impression d'un manque de tendresse et d'un excès de "militantisme". A force de souligner sa différence en la ridiculisant, Sedaris a fini par me priver de la possibilité essentielle de m'identifier à lui. D'où l'ennui que j'ai très vite ressenti à la lecture de ces pages qui m'ont rarement touché. Par honnêteté, je dois néanmoins avouer que, sur la fin, son long texte sur l'épreuve que consiste le fait d'arrêter de fumer, joliment mêlé à la découverte de la culture japonaise, a nettement redressé le niveau du livre. [Critique écrite en 2010]