Il y a quelque chose de pur et de distant dans la façon qu'a Page d'aborder son sujet : on survole l'histoire, on n'a que l'essentiel, comme un grand résumé de la vie de Margot. On est très loin des super-héroïnes de comics que tout le monde connait. Parfois, on attend un peu que l'histoire démarre, mais finalement ce n'est pas désagréable, c'est une lecture qui ne demande visiblement pas d'implication, alors qu'au fond l'histoire de Margot touche profondément.
Ce n'est pas un livre sur une super-héroïne, mais un livre sur une jeune fille, puis une adolescence à qui on arrache la vie, que l'on met au milieu de conflits qui ne la concernent pas.
C'est touchant, c'est violent, ça donne parfois envie de vomir tellement c'est (in)juste et vrai ; c'est plein d'humanité, mais aussi de féminisme. On voudrait se révolter contre ces gouvernements qui lui arrachent sa liberté, contre ces hommes qui la dégradent et contre tout ce qui lui arrive au long de ce roman ; on voudrait lui rendre cette jeunesse qu'elle passe à aider une humanité ingrate, qui se laisse assister à partir du moment où quelqu'un est là pour la protéger. Les hommes ne savent pas apprécier ce qu'on leur donne mais prennent tout comme un dû, et Margot en fait la triste expérience.