Je te retrouverai par Eric BBYoda
"Je te retrouverai" a tout d'un livre-somme, qui reprendrait toutes les préoccupations de John Irving : paternité et filiation, confusion des genres, sexualité douce (disons non-traditionnelle)... en y ajoutant une bonne louche de sujets "originaux" (car Irving a toujours adoré ce qui sort de l'ordinaire, ajoutant ainsi une touche de fantaisie à ses oeuvres finalement assez traditionnellement "psychologiques") : l'art du tatouage, la musique religieuse, la psychiatrie, Hollywood... le tout s'étalant sur un millier de pages... malheureusement pas toujours digestes. Disons-le tout de go, voici sans nul doute le premier livre de Irving qui m'ait régulièrement ENNUYÉ, et qu'il m'a fallu de longues semaines pour terminer... Pourtant, en dépit de tunnels narratifs assez éprouvants, "Je te retrouverai" est un livre qu'on ne peut que recommander à quiconque a été durablement marqué par la lecture du "Monde selon Garp" : une fois passé le récit initial des - très fastidieux - voyages de notre héros enfant à travers les ports d'Europe du Nord - un récit qui se justifiera par la suite lorsque Irving, alors au meilleur de sa forme, déconstruira sa fiction en en montrant la part mensongère -, on se régalera des déboires sexuels de notre drôle de héros dans un pensionnat de jeunes filles, soit plusieurs chapitres délicieusement provocateurs dans lesquels Irving excelle réellement. Puis l'on plongera à nouveau pour une visite convenue de Hollywood, avant que la dernière partie du livre ne nous offre à nouveau du grand Irving. "Je te retrouverai" n'est donc pas un chef d'oeuvre (les chefs d'oeuvre appartiennent sans doute désormais au passé), mais quand même un grand livre culotté et exigeant, voire presque monstrueux par instants. Vous aurez été prevenus !