Démarrant un nouveau cycle dénommé Les Livres du Sud, le quatrième tome de Les Annales de la Compagnie noire reprend l'intrigue du premier cycle et nous promet de nouveaux contrats, de nouveaux antagonistes, le tout couplé à de nombreuses surprises qui seront amener le lecteur à s'interroger, en bien comme en mal.
Jeux d'ombres nous emmène vers Khatovar, le lieu sacré des compagnies franches. Toubib, à présent capitaine de la Compagnie noire, compte bien s'y rendre afin de déposer les annales et respecter les anciennes traditions. Mais rien ne se passe comme prévu en chemin.
Pas plus de spoil ! Afin... Un petit peu...
Une fois n'est pas coutume : quel véritable plaisir que de retrouver les membres de la fameuse Compagnie noire, célèbre et à présent complétement réduite à néant. Très peu on survécu aux événements du Nord et au réveil du Dominateur. A présent, le rôle de capitaine est revenu à Toubib qui compte bien retourner, si ce n'est dans un premier temps trouver, Khatovar afin de faire respecter les anciennes traditions des grandes compagnies franches. Et ce nouveau cycle ne nous laisse pas sur notre faim : de nouveaux enjeux, de nouveaux antagonistes (et pas des moindres), de nouveaux protagonistes (et là aussi, pas des moindres)... Tout est mis en œuvre par Glen Cook pour faire de nouveau départ une réussite ! Aussi, l'histoire demeure sur les rails de ce qui avait été dit dans les tomes précédents, apportant de nouveaux enjeux certes mais demeurant dans la même ambiance sombre, pessimiste, totalement dénué de manichéisme ; véritable signature de cette série. En plus d'un pèlerinage qui va légèrement se transformer en guerre totale, c'est une véritable reconstruction qui se joue au fil des pages, nous apportant de nombreux détails quant au passé des diverses compagnies franches et surtout sur la Compagnie noire.
Si l'intrigue est intense et ne fait que surenchérir au fil des pages, pour notre plus grand plaisir, les personnages mis en avant ne sont pas en reste. Un plaisir sans nom que de retrouver les têtes qui ont forgé en notre imaginaire la chair de la Compagnie noire. Toubib, toujours armé de son "je" narrateur, est sans conteste celui qui subit le plus de changement et l'on suit avec lui cette évolution plus que tortueuse. D'autant que couplé à ces nouvelles obligations, qui sont de taille, et de l'entretien des annales, l'auteur lui fait subir des réflexion sentimentales à l'encontre de Madame (anciennement La Dame), ce qui donne un tome plus accès sur le sentiment que les autres, libérant (d'après une perception totalement personnelle) un peu la tension - toujours aussi plaisante - de la série et apportant quelques pointes d'humour nouvelles non désagréables.
Et on arrive à un point que je me dois de soulever, au risque de spoiler :
Il est agréable de retrouver nos fameux personnages mais on peut demeurer perplexe vis-à-vis de quelques noms. En effet, ce nouveau cycle va apporter pas mal de morts. Des morts revenus à la vie. Alors, c'était déjà quelque chose dont nous avions l'habitude avec les tomes précédents, notamment avec l'Asservi qu'était Le Boiteux. Or, là, c'est peut-être un peu exagéré. Qu'on se le dise, pour le moment, il n'y a que des Asservis qui reviennent à la vie (pas tous mais suffisamment pour que je décide d'en dire un mot). Je veux bien admettre qu'en personnalité atypique, ils aient tous un second souffle de vie mais force est de constater que cela sent légèrement le réchauffé : ces personnages immortels qui reviennent hanter les membres de la Compagnie, c'est quelque chose qui fonctionnait à merveille avec Le Boiteux. Certes, les Asservis revenus à la vie ont bien des "raisons" d'être de retour mais je peux m'empêcher de craindre que, pour certain lecteur, cela fasse un peu répétitif à la longue.
En clair, il s'agit d'un tome efficace qui, s'il coupe le temps d'un instant avec le passé, propulse les membres de la Compagnie noire vers de nouveaux défis de taille. Les mots de Toubib n'auront jamais eu autant d'impact que dans ce tome : "Nous contre le reste du monde. Et que le monde prenne garde." Une lecture que je ne peux que recommander et qui annonce tellement de choses à venir. On s'amuse, on craint, on se repose en compagnie de Toubib et de tous ses hommes et l'on sent que la mort se rapproche de plus en plus. Et épargner est un mot qui ne fait, décidément, pas partie de son vocabulaire.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !