Lumineux !
Jack London est un écrivain lumineux, un prince des mots, amoureux des belles phrases son écriture coule comme une belle cascade, un ruisseau de montagne frais et vivifiant qui s'insinue entre les oreilles du lecteur pour l'emporter au cœur même de l'aventure avec un grand A, très loin des compromissions, de la médiocrité et de la mesquinerie commune. Une attitude fière et courageuse, un regard sans concession sur la société et la condition humaine. John Barleycorn (Jean grain d'orge ou personnification de l'alcool / Autre titre : Le cabaret de la dernière chance) est son plus grand ami et...son plus grand ennemi...mais le sait-il vraiment ? Est il capable de se mentir à ce point ? Il détruit sa vie tellement confiant dans sa puissance alors qu'il n'est hormis son talent d'écrivain façonné par un travail énorme, qu'un tout petit homme aussi faible peut être même plus que beaucoup d'autres.
Ce roman doit être lu en complément de Martin Eden récit d'un fabuleux destin, épique dont il détient le secret. "Martin Eden" c'est Jack London romancé à l'extrême. "John Barleycorn" c'est aussi Jack London toujours aussi splendide, hors normes mais nous livrant sa plus grande faiblesse : l'alcool !
Oui mais l'alcool lui apporte la raison pure et ce qu'il entrevoit et nous livre dans les derniers chapitres de cet ouvrage est tout simplement sublime, lumineux !
Cette tare il la justifie tant qu'il peut, il l'assume et l'assène par cette découverte de la raison pure que nombre d'entre nous pauvres Oms conscients ont entrevu sans boire ! Jusqu'au bout il va expliquer et commenter son injustifiable assuétude cet aveuglement qui nous entraine au long de sa vie. On est soufflé par cet itinéraire peu courant, sa capacité à s'adapter, sa puissance de travail, son acharnement à réussir, son intégrité flamboyante qui cache un grand désespoir, une faiblesse irréfragable. Il faut lire London car en dépit de sa personnalité écrasante, de sa haine de la bêtise et de l'argent qu'il méprise, des couleuvres qu'il voudrait nous faire avaler à propos de l'alcool il semble aimer les hommes et nous communique son amour. Il a pour la vie, la nature une addiction formidable malheureusement empreinte d'une confiance morbide qui le détruira. Il finira usé abîmé par les fièvres et l'alcool et quittera ce monde qu'il aimait tant à l'âge de 40 ans !
Nonobstant ce vagabond des étoiles, titre conquis de haute lutte aura toujours une place au cœur de la voie lactée, une place de choix au panthéon des grands écrivains.