Depuis son décès le 5 décembre 2017, Johnny Hallyday a fait l'objet de beaucoup d'ouvrages, trop souvent opportunistes et bâclés.
On aime ou non l'artiste mais il restera la grande figure culturelle française de la fin du XXe siècle et mérite que l'on y consacre des ouvrages.
Si l'on cherche une bonne biographie, complète, celle de Frédéric Quinonero fait parfaitement l'affaire.
Mais on pouvait légitimement être en demande d'une étude sur la carrière de Johnny. Le mot et le Reste est une maison d'édition fortement identifiée à sa collection Musiques, on était donc en droit d'être satisfait (Johnny) à l'idée de lui voir consacrer un ouvrage consistant.
Hélas, l'ouvrage n'est pas à la hauteur des attentes, des miennes, en tout cas.
Le parti pris est intéressant : plutôt qu'étudier la carrière de Johnny de façon chronologique, pourquoi ne pas le faire de façon thématique ?
En effet, si les racines de Johnny Hallyday sont essentiellement le rock 'n' roll, il ne s'y est pas cantonné, puisant dans le blues, la soul, la country, le gospel, le hard FM, la variété française, la variété italienne avec toujours, plus ou moins enfoui, une idée de respectabilité en rendant hommage aux grandes figures de la chanson Française (Brel, Brassens, Aznavour, Bécaud, Piaf) en se faisant écrire des chansons par Françoise Sagan, Vincent Ravalec, Philippe Labro ou… Shakespeare (n'oublions pas qu'il a sorti en 1976 "Hamlet", un double album pas forcément réussi mais ambitieux). On apprend dans l'ouvrage qu'il fut un temps question de lui concevoir un concept-album autour des "Chants de Maldoror" de Lautréamont (ça aurait eu de la gueule).
Bref, le parti pris de l'ouvrage est intéressant mais, hélas, bâclé. Certains exemples ne correspondent pas vraiment aux styles concernés, les erreurs de dates sont innombrables et il y a des bourdes qui laissent pantois : on y apprend que Gilles Thibaut aurait écrit "Requiem pour un fou" en pensant à la fin du Scarface avec Pacino. Or, le film de Brian De Palma date de 1983, la chanson de Johnny de 1976… à moins que l'auteur ait confondu avec la version d'Howard Hawks de 1932.
En résumé, l'ambition est bonne, l'ouvrage est sympathique mais il ne répond pas à mes attentes. L'ouvrage définitif reste à faire.