Je découvre mon premier Julien Dufresne-Lamy dans un roman destiné aux adultes. J’ai déjà lu quelques uns de ses romans destinés à un jeune public. Quand un auteur ne se cantonne pas à un seul genre de public, cela permet de découvrir tous ses talents. Il est possible de faire passer de nombreux messages quand on écrit pour un jeune public. Et cela fonctionne très bien avec Julien Dufresne-Lamy. Il est également possible de faire passer de nombreux messages à un public adulte. Est-ce que cela fonctionne mieux ? Cela dépend de l’ouverture d’esprit de ce public adulte. Car le sujet développé par Julien Dufresne-Lamy concerne les drag queens, les jolis monstres, leur vie avant, pendant et après les années sida. Je mets après entre guillemets car la maladie n’est pas éradiquée, loin de là, même s’il y a des traitements et que le monde semble se protéger. Même si ces derniers temps, le recul sur la protection lors de rapports sexuels a été annoncé. D’ailleurs, l’auteur en fait état dans ce roman. Je remercie Julien Dufresne-Lamy de m’avoir contacté sur Facebook pour que son éditeur m’envoie son livre. Je le remercie également pour sa dédicace.
Bref, après ce long paragraphe, plongeons-nous dans ses Jolis, jolis monstres. Un roman qui rend hommage aux drag-queens, des hommes qui assurent le show, la nuit, et se transforment en femmes. Un roman qui leur rend hommage, qui permet de les comprendre, de savoir ce qu’elles ont vécu, bien souvent enduré, car en première ligne, lorsque la maladie est tombée. C’est un monde de fêtes, de drogues, de shows, de familles, d’amitiés également. Mais elles ont été vilipendées, chassées, tuées car elles ne correspondaient à aucun standard. Il y a également de la souffrance, mais des femmes qui se soutiennent mutuellement même si la rivalité peut être de mise, comme pour tout.
Par la voix de James-Lady Prudence et ensuite d’Hector, on assiste à un retour en arrière mais aussi ce présent où tous les deux se racontent et racontent l’autre. On peut être drag-queen mais rester un homme. Et pour cela, on assiste à la transformation de Victor. Ce n’est pas simple pour lui. Mais heureusement qu’il a trouvé celle qui va le révéler à lui-même et qui va jouer un rôle prépondérant dans sa future carrière et dans sa vie personnelle.
Pour moi, cela a été un régal de côtoyer tous ces personnages, d’entrer dans leur vie, de faire partie, grâce aux mots de Julien Dufresne-Lamy, de ces Jolis Monstres qui ne doivent pas rester enfermés. Même si en plus de 30 ans, les idées ont évolué, les gens semblent moins coincés, il restera toujours quelques personnes pour commettre des actes odieux contre ceux qui paraissent différents. Pour preuve, les différentes agressions et attentats. En quelques jours, j’ai vécu avec elles, j’ai remonté le temps au moment où j’étais une adolescente, fan de Madonna. Les mots sont percutants, sensibles. Outre cette culture drag-queen, il permet de démontrer à tout un chacun de vivre sa vie comme il l’entend et d’être soi malgré le quand dira-t-on. Une bouffée d’air frais qui fait du bien et qui permet de s’évader d’un quotidien pas toujours au top. Entrez dans cette culture drag-queen, vivez avec ces personnages aussi sensibles qu’attachants pour en sortir grandi avec des étoiles plein les yeux, un sourire aux lèvres, mais aussi en ayant appris encore quelque chose. C’est ça le pouvoir des livres.
Merci à Julien Dufresne-Lamy et aux Editions Belfond.