Quand la lutte contre le capitalisme tourne à la dynamite

Quand la fermeture de l’entreprise Buisseau & Fils, revendue au groupe SOTEX, est annoncée, l’enfer s’écroule sur les ouvriers. Rapidement, un groupe d’anciens se crée pour lutter contre cette catastrophe sociale. Parmi eux, Sylvie et Monique, voisines et copines d’usine. Deux femmes qui pensaient avoir tout vu des injustices du monde. Deux femmes qui pensaient pouvoir lutter. Mais ça, c’était jusqu’à l’arrivée de Richard, « prince charmant des syndicats », et la victoire de la fille de Monique à un concours de chansons à la télé. Monique voit la vie en rose. Sylvie panique face aux morts trop suspectes qui donnent enfin le départ officiel de l’intrigue.


« Jour de gloire », édité aux Éditions du Masque, est un livre de Pascale Fonteneau. Auteure de « noir » franco-belge vivant en Belgique, Fonteneau signe avec ce onzième roman policier une énième caricature de la vie sociétale, avec son humour pointu et grinçant caractéristique. Amatrice des thèmes citoyens, avec une bonne dose de satyre, de drame et de suspense, elle adore décortiquer et s’attaquer au côté obscure de notre société : celle de tous les jours, celle qui fait mal. « Jour de gloire » en est un excellent reflet.


Un livre pour le moins surprenant, néanmoins : bien que les adorateurs des combats syndicalistes y trouvent leur compte, ceux de polars devront patienter pour avoir leur premier cadavre, tout en supportant le suspense insoutenable de chaque début de chapitre qui nous fait espérer. L’auteure nous laisse aussi le choix d’adhérer aux croyances de Sylvie ou de Monique en nous donnant leurs divers avis, souvent opposés, malgré l’utilisation d’un narrateur interne -ici, Sylvie- qui nous laisse peu d’objectivité. Le langage de Fonteneau, clair et direct, voire parfois cru, nous permet néanmoins de maintenir le cap aux côtés de Sylvie -et de rapidement adhérer à ses propos- tout en laissant peu d’indices sur la direction prise. Seuls les divers sous-entendus et réflexions de début de chapitre nous laissent quelques idées -et espérances-, mais nous obligent à garder patience.


Mais s’il nous faut attendre quelques chapitres pour avoir l’action recherchée dans les policiers, Fonteneau nous livre néanmoins une fin toute en vitesse et en apothéose -répondant sûrement aux attentes de quelques lecteurs avides de sensations- avec une touche d’humour salée.


Nous pouvons donc en conclure que si le lecteur doit avoir une patience d’ange pour pouvoir assouvir sa soif de sang, la fin explosive vaut l’attente.

LiterarysFluff
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le 12 mars 2018

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