Pour ses douze ans, Lola reçoit un journal, un carnet intime, qu'elle inaugure immédiatement et surnomme Anne. À cette confidente silencieuse, elle décrit sa vie de famille moyenne new-yorkaise, entourée par ses parents et sa jeune sœur, tranquille et installée. Elle a de bonnes amies au collège, elle aime l'école, en somme elle est heureuse, malgré la situation. Oui parce que tout n'est pas si tranquille, et dans ce futur proche, l'Amérique est gagnée par le chaos, la guerre civile s'étend, les quartiers s'embrase et la paix s'efface peu à peu. Et lorsque leurs finances obligent la famille à déménager dans un quartier populaire et à cran, elle voit son existence bouleversée.
À travers son journal, Lola nous fait partager son intimité, ses peurs et ses découvertes, en même temps que l'on découvre ce qu'est devenu le monde : un champ de mines où la violence est habituelle, l'armée installée dans la rue, le président américain un pantin interchangeable, et où un clochard en flammes dans la rue n'émeut plus personne. Le jeune âge de la narratrice laisse transparaitre une naïveté touchante par moments, alors qu'elle est submergée par les changements de son corps comme par ceux de son entourage. Mais la fureur qui se déchaine autour d'elle la change encore plus, et ses écrits deviennent le témoignage de sa propre descente aux enfers.
Journal de nuit est un récit abrupt, glaçant, étourdissant ; le plus effrayant n'est cependant pas de lire et d'imaginer ce monde plongé dans l'horreur quotidienne, mais de le comparer au nôtre et d'en relever toutes les similitudes. Il fait d'ailleurs écho avec les paroles de Lou Reed, qui le mieux a su montrer la face sombre de sa ville, dans l'album New York en particulier, ou dans la chanson "High in the city" :



I got the time, I got my feet



Let's go hit the street [...]



I got my mace and you got your knife



You gotta protect your own life



High in the city, high in the city



Hey, look they're setting fire to that jeep



There's not much you can keep [...]



So many people feeling low



And there's only one way to go to



Get high in the city, high in the city


Florentin
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le 4 déc. 2015

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