C'est mon premier livre de Annie Ernaux. J'ai commencé par un très court, pour me faire une idée de son style, avant d'attaquer ce soir Les Années :-)
Intriguant, cet objet.
D'un côté c'est tellement simple.
Une voyageuse des trains de banlieue et du RER observe les autres voyageurs (et des clients ou caissières dans les commerce), prend quelques notes sur un personne, une anecdote, puis passe au cas suivant.
Mais d'un autre côté, à quoi bon ?
Il n'y a aucune histoire globale, aucun lien entre les faits observés. La plupart relèvent du quotidien ordinaire.
Celui/celle qui n'a pas connu le contexte (les lieux, l'époque) peut en ressortir très frustré(e).
Est-ce vraiment de la vie ce qu'on voit dans les transports en banlieue parisienne ? Ou plutôt des tranches d'entre-vies, chacun navigant entre sa vie professionnelle, sa vie familiale, ou toute autre tranche de vie.
Et pourtant,...
C'est une jolie démonstration qu'on peut faire de la littérature avec pas-grand-chose, par exemple ce qu'on voit furtivement dans la rue, le train, le métro, un magasin. Et ce n'est pas une constatation péjorative. Au contraire. Camus a écrit (dans l'Etranger je crois) qu'un homme ayant vécu une journée en liberté pourrait passer 100 ans en prison, à s'en remémorer les moindres détails.
C'est ce que nous démontre Annie Ernaux avec ces brèves tranches d'entre-vies.