Le moins que l'on puisse dire de Karine Giebel, c'est qu'elle aime malmener ses personnages et, par contrecoup, ses lecteurs. "Juste une ombre" est le premier roman que je lis de l'autrice et il semble que ce soit également le plus célèbre.
Cloé Beauchamp est une jeune directrice du marketing dans une agence de publicité. Extérieurement, elle incarne à merveille la réussite de la working girl, indépendante et fière d'elle. Sans attaches, elle vit une existence à l'abri du besoin même si elle paie ce mode de vie d'une difficulté à s'engager sur le plan social, notamment dans son couple. Un soir qu'elle rentre seule d'une soirée mondaine, elle est suivie par un homme dans l'obscurité de la rue. De lui, elle ne distingue qu'une ombre. Elle est effrayée mais est encore loin de se douter que cette ombre va rapidement devenir son pire cauchemar.
Impossible d'en dévoiler plus. Le suspense est présent de la première à la dernière page et comme je le disais en intro de ce billet, Karine Giebel ne fait pas de cadeau à ses personnages principaux. Elle explore avec talent et une parfaite maîtrise narrative les arcanes du harcèlement, de la manipulation et de la paranoïa. Il est plutôt difficile pour un auteur de traiter les états psychologiques et surtout la folie mais Karine Giebel possède ce talent.
Très bon page-turner, "Juste une ombre" est une lecture qui suit le lecteur dans ses rêves si ce n'est dans ses cauchemars. La succession très rythmée de angles de narration par personnage (Cloé, enquêteur, psychopathe) emporte le lecteur dans une spirale infernale à la violence feutrée avec la même rapidité que les protagonistes.