Un nouveau Grangé addictif
Dès le premier chapitre, les 6 premières pages, le ton est donné. "Kaïken" va être un roman à 100 à l'heure, un roman qui n'attendra pas la page 120 pour démarrer, un roman qu'il va être difficile de lâcher avant la fin. On retrouve la plume incisive et addictive de Grangé, ses phrases courtes et percutantes, ses chapitres "droits au but". Certains se lassent peut être de ce procédé, maintes fois copié mais difficilement égalé. Personnellement, j'aime à chaque fois retrouver la plume si caractéristique de Grangé, cette plume qui vous prend au bide et vous entraine dans les pires horreurs.
L'originalité de ce roman réside dans le fait que l'on a l'impression de commencer par la fin. On connait le nom du coupable, la traque policière touche à sa fin et très rapidement la main est mise sur le grand méchant du bouquin. Petite feinte de l'auteur qui va faire intervenir ici une seconde histoire dans son roman. L'occasion, comme à son habitude, de nous faire découvrir des contrés lointaines, d'autres coutumes et une façon de vivre littéralement différente de nos vies d'occidentaux.
"Kaïken" est une immersion dans le Japon légendaire, celui des samouraïs et de la philosophie zen, celui des rites initiatiques et de la maîtrise de soi. C'est aussi un bel hommage au Japon d'aujourd'hui et l'occasion pour Grangé de nous faire partager sa passion pour ce pays à travers les 472 pages de son roman. Comme à son habitude, l'auteur nous livre ses connaissances à bon escient et distille des informations sur le thème pour plonger le lecteur dans une ambiance particulière et lui faire comprendre la psychologie de ses personnages.
Niveau gore, le lecteur en prend encore une fois plein la tête avec un tueur sanguinaire détraqué, surnommé "L'accoucheur" parce qu'il enlève des femmes enceintes, les évicère et brûle leurs foetus encore reliés au cordon ombilical. Bon appétit si vous êtes à table! L'enquête sur l'accoucheur est la première du roman mais bien vite, Passan, le flic de l'histoire, va se retrouver confronté à une enquête beaucoup plus personnelle qui touchera l'intérieur même de son foyer. Comment réagit un flic Grangesque lorsqu'un malade cherche sa femme et ses enfants? Réponse: il ne reste pas 2 heures le cul sur sa chaise et agit dans la seconde. Raaaa que ça fait du bien!
Alors OK, l'univers policier est un peu caricatural, un peu comme Olivier Marchal nous le présente au cinéma, mais ce sont ces flics là que j'aime. Je ne m'en plaindrai donc pas. The dark side of the police man!
Léger reproche à faire à ce "Kaïken": une fin trop rapide. C'est d'ailleurs le seul défaut que je trouve à l'ensemble des romans de Grangé. Là où on aimerait une scène finale de 40 ou 50 pages, il nous les torche en 10. Frustration suprême! La fin de ce présent roman, très cinématographique aurait mérité d'être plus longue mais au final c'est le roman dans son ensemble que l'on retient et non la fin. Vous pouvez donc y aller!
Et bien voilà, mis à part pour "La Forêt des Mânes" qui m'a agacée sur plusieurs points, je renouvelle mon amour pour Grangé et vous conseille de découvrir ce dernier roman.