Critique de Shaynning
BD adulte de 2020, "Chinese Queer" est ce genre de Bd qui comporte une forte dimension philosophique existentielle, un côté de critique sociale et un graphisme assez particulier.Faire un résumé de...
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le 22 mai 2022
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Tome 3 de la série, il n'est cependant pas requis d'avoir lu les deux autres tomes, et si des éléments réfèrent aux deux tomes précédents, des précisions sont apportées. Dans ce tome-ci, il est question des jeux vidéos.
Kellan adore jouer sur sa console, sur son jeu Tryhard, un univers ouvert où on peut se confronter aux autres joueurs. Ce jour là, il était sur sa console depuis un certain temps et s'apprêtait à affronter l'un des meilleurs joueurs du jeu quand sa petite soeur vient tenter de solliciter son attention. En se plaçant devant l'écran, Kellan perd sa partie et en bon québécois, "pète une coche". Frustré et impatient, sa réaction alerte ses parents. S'ils parviennent à régler le conflit, bien vite, les jeux de Kellan pose de nouveaux enjeux. Et quand Christopher Beliveau le met au défi de se connecter à minuit pour un duel, alors que les règles de la maison de Kellan stipule qu'il n'y a pas de jeux vidéos la semaine, qui plus est jamais aussi tard le soir, Kellan cède pour ne pas perdre la face. A-t-il franchit la ligne de trop?
Madame Bélice propose avec son personnage de voir les effets des jeux vidéos sur le cerveau et sur les comportements. Tout est dans la dose, car si les jeux vidéos ont des effets négatifs dument prouvés par la science, c'est parce qu'ils sont souvent utilisés à outrance. Il faut dire que tout comme les jeux d'argent, le sucre ou même l'affection, il y a un risque de dépendance réel. La cyberdépendance pour être exact. Une exposition prolongée surstimule le cerveau, entrainant des effets nocifs sur la qualité du sommeil, sur la concentration, sur la mémoire et sur la vitesse de traitement de l'information. Sur un enfant et un adolescent, humains en développement, l'exposition prolongée et répétée aux écrans peut carrément compromettre leur développement. Dans le récit, Kellan se sent fréquement amorphe, il a à la mèche courte et a du mal à s'occuper autrement qu'avec sa console. On sent que son jeu est devenu la seule source de réel plaisir, alors que ses autres activités sont perçues comme "Ennuyeuses". Surtout, ses émotions sont quelque peu dérègles par la fatigue. Il ne sait pas encore qu'on fatigue beaucoup plus rapidement un cerveau bombardé d'informations durant des heures, mais ça il va devoir le découvrir pour l'oral qu'il doit faire à l'école.
Cet exposé oral est sous forme de débat sur le sujet des jeux vidéos. C'est non seulement l'occasion de découvrir les effets réels des jeux vidéos quand on en abuse, mais aussi de fermer le clapet de Béliveau. J,aime les débats, il y a des arguments pour et contre, c'est donc une occasion de poser les nuances et de développer un esprit critique.
Je mentionne que Béliveau est un exemple d'enfant roi. Il peut se vanter de jouer durant des heures quand il veut, même de semaine, même de soir. En revanche, ce qu'il ne dit pas est qu'il ne développe aucunement l'autocontrôle, aura sans doute du mal à reconnaitre ses limites et surtout, d'apprendre à respecter des règles. Pourquoi? Parce que personne n'est là pour lui mettre un cadre. Christopher est un enfant qui a peut-être tout d'un point de vue matériel, mais je le plains d'avoir des parents si peu soucieux de leur donner les outils qui vont lui servir à devenir adulte.
A contrario, les parents de Kellan me semblent bienveillant et ils articulent une discipline basée sur le dialogue et le respect. Ils se rendent bien vite compte que Kellan n'est plus tout-à-fait lui-même depuis qu'il cumule les heures sur son jeu. Même sa petite soeur dit qu'il lui manque. Si les jeux vidéos permettent un rapprochement avec une communauté virtuelle, elle ne rapproche pas forcément avec les sphère sociale dans le monde réel. D'ailleurs, dans les pistes de solutions, trouver des activités à faire en famille fait parti des idées. Restreindre les jeux vidéos aux fins de semaine en est une autre. L'idée n'est donc pas de les proscrire, mais de ne pas leur donner autant de place. Cela est valable pour les parents. Après tout, prêcher par L,exemple est un autre bon moyen.
Il y a d'ailleurs quelques petits trucs pour aider les jeunes à gérer de manière saine leur consommation d'écrans ( valables pour les familles dont les parents, bien sur). Vous y trouverez aussi des ressources d'aide et de références.
Sinon, c'est un bon petit roman facile à lire et très pertinent, avec un Kellan crédible pour un jeune de son âge qui a un bon fond, mais fait des erreurs comme tous les enfants. Un personnage attachant, avec sa famille qui l'est tout autant.
Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans* ( Peuvent être lus aussi par le second cycle primaire, 8-9 ans)
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Créée
le 17 sept. 2024
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