Incontournable Février 2022


Dans ce petit roman de la collection "Roman Bleus" de la maison Dominique et compagnie, Kellan nous revient pour une seconde tranche de vie, cette fois sur les thèmes de la première relation amoureuse, de la pression sociale et de la notion de consentement, ce dernier sujet n'étant pas très surprenant de la part de l'autrice qui a écrit trois romans sur le sujet dans la collection pour ados "Tabou", des éditions DeMortagne


Parfois, les papillons roses des premières attirances sont pour d'autres des papillons gris de l'incertitude.


Kellan se prépare comme les autres étudiants de son école au spectacle de talents, dont il espère se démarquer avec son habileté à faire du beatboxing, ou " boîte à rythmes humaine », qui consiste à faire de la musique en imitant des instruments uniquement avec sa bouche. En parallèle, il reçoit la visite de sa tante Zia, venue d'Haïti, comme le versant maternel de sa famille. Mais depuis quelques jours, son amie Alice a un comportement un peu étrange. Elle rougit quand elle le voit, puis elle lui donne un petit mot en le complimentant. Pour les amis garçons de Kellan, il est clair qu'Alice a le béguin pour lui et le presse d'adhérer aux mêmes sentiments. Avoir une "blonde", c'est un truc de l'école secondaire, c'est "cool", alors il serait stupide de ne pas en profiter. du côté des amies d'Alice, elles se mettent à poser des questions indiscrètes au jeune garçon, qui pour sa part devient de plus en plus malaisé par la situation. Kellan ne se sent pas amoureux d'Alice et ne se sent pas prêt à ce genre de relation, même si l'attention qu'il reçoit par rapport à ce sujet lui plait. de plus, il craint de faire de la peine à la principale concernée, qui est après tout son amie en temps normal. Heureusement, plusieurs adultes ont l'expérience qu'il n'a pas et lui parlent de l'importance de la franchise, de l'honnêteté envers soi-même et de l'importance de prendre des décisions et donner un accord libres et éclairés, dénués de pression, ce qu'on appelle le "consentement". Au final, Kellan et Alice se parlent et il est étonné de constater que la jeune fille n'était pas amoureuse non plus. Elle trouve Kellan beau et talentueux, mais c'est l'interprétation de ses amies qui l'ont poussée à se montrer entreprenante envers son ami.


Franchement sympa comme sujet de roman, je dois dire, et très pertinent! Toute cette pression autours de la première relation amoureuse est assez universelle, et comme on le voit ici, est aussi bien présente dans les cercles masculins que féminins. D'habitude, je vois ce sujet chez les personnages féminins, où leurs copines les poussent à aller parler à ce personnage masculin si beau et si "hot" qui les font saliver. C'est donc la première fois que je vois ça du côté des gars. On n'en parle pas assez, mais tous les gars n'ont pas hâte d'être en couple, même si c'est le stéréotype dominant dans les univers culturels. Et le consentement est de part et d'autre des genres.


J'ai beaucoup apprécié les divers approches des personnages adultes, qui ont synthétisé assez bien les concepts en présence, pour les rendre compréhensibles même pour des lecteurs de ce niveau. On a notamment la pression sociale, avec ces jeunes qui "poussent" Alice et Kellan à former un couple, pour des raisons de statut et de prestige ( et non pour des motifs sentimentaux). On a aussi cette idée assez rependue et fausse que l'attirance physique est de l'amour ( en témoignent les trop nombreux roman-navets pour ado qui opèrent en ce sens et que je déteste), la différence entre les sentiments de malaise et d'émois, le respect de son rythme quand aux premières relations et l'importance de verbaliser son ressenti ( donc de ne pas tomber dans l'évitement).


Sinon, un jour, je ne le mentionnerai plus, parce que ce sera normal et rependu, mais nous avons un personnage métisse québécois-Haïtien. On a encore peu de personnages de couleur, quelque soit la couleur, alors ça fait du bien d'en avoir un ici et que sa couleur ne soit pas le sujet du livre.


Ça se lit facilement et, bien que ce soit du niveau de troisième année, on a une belle richesse de vocabulaire. le tout est aéré, en police de caractère un peu plus grosse que la moyenne des romans et les chapitres sont courts.
À voir!


Pour un lectorat du deuxième cycle primaire, 8-9 ans.

Shaynning

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