Critique de Shaynning
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le 22 mai 2022
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Dans la foulée des albums qui traitent des cheveux, en voici un de la maison Cambourakis qui nous entraine dans une aventure joyeusement emmêlée! de quoi rendre Raiponce fière.
Addi est un petit suédois qui a une superbe chevelure froufouteuse, son précieux afro, dont il ne supporterait pas de couvrir d'une tuque! C'est pourtant ce que suggère sa grand maman, alors qu'Addi se prépare à aller glisser sur la montagne avec sa luge. Même son grand-papa tente de tricoter ses cheveux pour les faire entrer dans ladite tuque. Agacé, le jeune garçon décide de prendre ses clics et ses claques pour aller profiter de la poudreuse SANS couvrir sa tête! Alors qu'il amorce sa longue ascension de la montagne, Addi rencontre plusieurs animaux, chacun impressionné par la jolie boule chevelue qu'est sa coupe et décident de s'inviter DANS cette chevelure chaude et douce, avec quelques indélicatesse niveau consentement, en plus. Bientôt, avec près de six animaux empêtrés dans ses cheveux, Addi perd patience et les chasse. Mais devant leur air piteux, il leur propose quelque chose de différent. Lancés tous ensemble dans une descende de luge, ils se rassemblent chez les grand-parents d'Addi, qui ouvre son tiroir contenant moult tuques de toute sorte de couleurs, prêt à les donner à ses amis frigorifiées. C'est à ce moment là que le papa d'Addi se pointe, près lui aussi à faire des nattes dans les cheveux de son garçon pour lui faire enfiler sa tuque. Seulement, Addi décide encore une fois de jouer dehors sans tuque, à la condition d'être prudent concernant ses oreilles exposées au froid. Ainsi se termine cette petite tranche-de-vie, sur Addi, son papa et ses grands-parents, glissants sur cette montagne enneigée qu'il a dévalée avec ses petites figurines d'animaux.
C'est bien connu dans les pays du Nord: Couvrez-vous bien la tête avec une tuque quand vous allez jouer dehors! D'ailleurs, j,ai prit une certaine liberté en utilisant le mot québécois "tuque", parce que dans le livre, on parle plutôt de "bonnet". Addi ne veut pas de tuque, parce que ça déferait sa boule de cheveux ( et de toute manière je doute que libéré, son afro parvienne à entrer dans ladite tuque!). J'avoue que cet album me fait demander si contrairement aux cheveux lisses ou bouclés des caucasiens, les cheveux crépus sont plus pratiques à isoler la chaleur sur la tête? Parce que c'est un peu l'idée de l'album: le renard, l'élan, la belette, le castor et le hibou semblent adorer leur doux bouclé bouffant. Bon, on comprend à la fin du livre qu'il s'agit en réalité d'une histoire que se raconte Addi, mais reste qu'il a été jouer dehors sans avoir froid!
L'album me rappelle "Coiffure de princesse" ( Maison Les malins) qui met en valeur la beauté des cheveux crépus, qui abondants tout en défiant la gravité et donc, permettent toute sorte de fantaisie en coiffure. Il me rappelle aussi l'album "Tout ça à cause de la gomme" ( Maison Scholastic), dans lequel un enfant caucasien voit ses cheveux prendre en volume parce qu'on y colle de plus en plus d'objets par inadvertance ( tout ça pour enlever un tout petit morceau de gomme rose). Il y a le côté "valorisation capillaire" du premier et l'humour découetté du second.
Je remarque aussi un élément absolument secondaire, mais qui est important quand à sa représentation: le fait que le papa et Addi sont Noirs et les grands-parents caucasiens. Ça peut sembler rébarbatif de remarquer ce genre de détail, mais dans un monde qui a encore des accents racistes et binaires, illustrer des familles aux multiples "couleurs", c'est enfin traiter de la diversité au sein même des familles ( et elle existe!). Et j'aime que ce ne soit pas relevé comme détail, c'est ainsi qu'on normalise de manière efficace un élément donné. le subtile est mieux que le frontal, bien souvent.
Sinon, c'est une historie drôle, dynamique et parfaite pour parler des joies d'aller jouer dehors. C,est également un album qui met en relief l'importance du consentement lié au contact physique ( et pas juste sur la questions des zones intimes, du corps au complet). J'avais lu un roman sur la même réalité, soit de toucher les cheveux d'une personne dans lui demander. Et demander après coup, ce n'est pas non plus un respect du consentement. Les animaux le réalise et finissent par lui faire des excuses.
Mention spéciale à cet élan en vêtements qui raffole du rose , là encore, bravo pour le subtil rappel que le rose est une couleur pour tout le monde.
Enfin, je mentionne le traitement moderne des personnages masculins, avec un grand-papa qui tricote, un papa qui fait des couettes à son garçons et Addi lui-même, qui offre une occasion de souligner que les p'tits gars aussi peuvent être coquets!
Un livre suédois qui se déguste comme un bon chocolat chaud après une petite promenade hivernale, arrivé juste à temps pour le mois de l'Histoire des Noirs ( le très froid et heureusement court mois de Février), une célébration canadienne qui sert également de vitrine aux oeuvres littéraire jeunesse promouvant des personnages Noirs.
Pour un lectorat préscolaire, 4-5 ans+
Créée
le 18 janv. 2025
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