Michel Leiris signe une magnifique préface en amont de son autobiographie. La littérature comme tauromachie est digne de figurer aux côtés des grands critiques littéraires. Il y explique sa démarche : l'écriture c'est le risque permanent, le danger imminent, c'est le sentiment grisant de secouer le drap devant le taureau qui déjà charge en votre direction.
Le livre commence sur son enfance. Cette partie est particulièrement poignante, décrite avec soin et précision. Il explique comment sa vision du monde s'est construite à travers des opéras, des pièces de théâtres ou des oeuvres d'art. Parfois l'impression de justesse est telle que Leiris semble dépeindre votre propre enfance (sa première rencontre avec le mot "suicide" et ce qu'il lui évoque spontanément est assez marquant).
Seulement le roman s'essouffle dès que "l'âge d'homme" arrive. Son adolescence n'est que peu intéressante, l'écriture se perd dans des méandres de prétention. Sa méthode autobiographique particulière, qu'il veut la plus sincère possible, colle parfaitement au récit de son enfance. Mais une fois adulte, les rencontres artistiques s'essoufflent, le récit s'assombrit mais surtout s'assèche, se fane jusqu'à vous dégoûter de son attirance pathologique pour le tragique.
L'âge d'homme est à lire pour son originalité autobiographique mais ne figure pas parmi les livres à lire absolument.