Au début on croit que oui, mais en fait non...
C'est un vrai dilemme que ce bouquin. Autant l'annoncer d'entrée, je ne connais absolument pas l'œuvre de Chattam (à tel point que j'ai découvert en cours de route qu'il était francophone; une déception en soi, j'y reviendrai).
La première partie est un mix d'urban fantasy et de post-apocalyptique, le tout mâtiné d'horreur (très soft, surtout dans la façon de traiter l'ambiance oppressante des premiers chapitres). Le style est assez expéditif, à contre-pied des codes de la fantasy, qui aime généralement faire découvrir des univers nouveaux à ses lecteurs. Là, l'auteur s'appuie sur un univers urbain tout à fait banal et enchaine à tour de bras sans s'embarrasser de détails, la plupart du temps avec une certaine maladresse. Reste un bestiaire intéressant et un travail d'ambiance qui ne souffre pas du rythme soutenu du récit. La première moitié du bouquin est somme toute réussie, bien que pénalisée par des défauts non-négligeables.
La seconde est nettement mois enthousiasmante. Aux chiottes le bestiaire et le travail d'ambiance effectué sur toute la première moitié du bouquin. On s'enferme dans un pseudo huis-clos d'ados pré-pubères à l'intrigue mal menée et aux amourettes lourdingues. Faut vraiment faire des efforts démesurés pour tâcher d'oublier les inspirations transparentes de l'auteur (la référence à Fondcombe laisse un sentiment de malaise... Ou quand un clin d'œil a de forts relents de repompe éhontée. Le trio d'ado composé d'une fille débrouillarde et douée pour son pouvoir, du pote du héros un peu gaffeur et pas très doué mais au grand coeur, et enfin du héros au pouvoir surpuissant mais qu'il contrôle sporadiquement, qui se lamente de la perte de ses parents et qui est traqué par une entité démoniaque et mystique... Dis donc, Max, t'aurais pas lu Harry Potter avant d'écrire ton bouquin?). Bref le soufflet retombe d'un coup et on s'ennuie ferme. Les enjeux deviennent ridicules, et les ressorts et leviers du récit ne le sont pas moins. Le thème du passage à l'âge adulte est d'une rare platitude, les ados et les adultes étant traités d'une façon caricaturale à pleurer.
A ce moment, je réalise que l'auteur est francophone, et que son style maladroit, audacieux au départ mais prétentieux au final, ne doit rien à une mauvaise traduction. Là encore, malaise à la lecture. A ce sujet, pourquoi avoir placé le récit aux USA, à grands renforts de noms bien américains alors que très tôt on se retrouve dans une situation de post-apo qui fait perdre tout intérêt à ce choix? Comment ne pas y voir une manœuvre peu glorieuse d'infiltration dans la production cinématographique fantastique pour ado? Et enfin, un petit mot sur l'édition... Qui propose un lettrage gros comme le pouce et des pages de 10 lignes pour poser sur les étalages de fantasy un pavé de 500 pages qui dénote pas trop... alors que dans un format poche classique ce premier tome ferait 120 pages à tout casser. Là encore, comment ne pas penser qu'on essaye de faire passer le roman pour ce qu'il n'est pas. Pour une œuvre de fantasy magistrale, là où on a une œuvre de fantastique qui devrait être éditée en littérature jeunesse 10-14 ans.
Dommage qu'on peine tellement à terminer ce premier tome. Il laissait présager de bonnes choses, mais l'auteur les abandonne en cours de route pour ne garder que le mauvais et ajouter de nouvelles choses encore pire... Au final, ça sent trop la récupération facile, poussé par un éditeur intéressé, et attaquer les tomes suivants devient juste inconcevable...