Rythmé mais pas inoubliable
Premier contact avec l'auteur et premier livre publié, l'âme du mal en impose par sa maîtrise du rythme et sa structure très dynamique. Mais si j'ai dévoré le livre, c'est aussi un peu ce que je lui reproche. L'action prend rapidement le pas sur le reste, survolant un peu les personnages et la trames sans tellement s'attarder sur l'ambiance. J'ai trouvé qu'il manquait franchement de profondeur. L'écriture est habile, mais reste un peu froide et impersonnelle.
Concernant la structure, le style est très efficace. Le découpage en chapitres courts et toujours dotés d'un rebondissement à la clef, sont la garantie d'une lecture agréable et rythmée par des éléments constamment nouveaux. Mais leur redondance finit par par leur faire perdre de leur saveur, car la trame principale déjà peu épaisse s'en retrouve d'autant plus diluée dans l'action.
Je lui reproche donc clairement un manque d'ambiance. Le développement des impressions des personnages ou du cadre est trop succinct pour être suffisamment immersif. Je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans son univers comme j'ai pu être littéralement engloutis dans celle, moite et suffocante, du Vol des Cigognes ou de la Ligne Noire de Grangé.
Et puis il y a la qualité de la trame elle même. Il s'agit des débuts de l'auteur, et ils sont prometteurs. Mais L'histoire utilise de grosses ficelles, visibles assez rapidement dans le déroulé. Sans spoiler la fin, sachez qu'on vous aura déjà surement fait le coup, à grand renfort d'ADN quasi-identique et d'incompatibilité incompréhensible. Je m'attendais au final à une ouverture sur le domaine fantastique, et je découvre quelque chose d'assez convenu dans le domaine du polar. C'est peut être à cause de ça que je ne lui mets pas un sept étoiles, car j'attendais vraiment quelque chose de décalé ou d'irrationnel. Dommage.
Par contre il faut prendre ce livre pour ce qu'il est, un bon polar. L'auteur démontre une qualité indéniable dans le fait de rendre réaliste les scènes de crimes, avec ce qu'il faut de gore et de sanglant. Il nous décrit également de manière extrêmement précise les méthodes d'investigation et les procédures de la police pour qu'on puisse en saisir les limites et la portée.
Enfin, il est plus que probable que le livre ne vous tienne pas longtemps dans les mains, tant on a hâte de suivre l'aboutissement de l'enquête.
Donc si on peut lui reprocher une trame assez succincte, il faut lui concéder une efficacité diabolique dans l'écriture, très comparable à celle d'un scénario. Les pages se tournent vite, et chaque petit chapitre comporte la certitude d'un retournement de situation.
Pour conclure, je dirais que le style Maxime Chattam n'est pas forcément mon préféré, pour ce que j'ai pu voir avec l'Âme du Mal. Je préfère les auteurs plus axés sur l'ambiance et l'immersion, à l'instar d'un Jean Christophe Grangé, d'un Thomas Harris, ou dans un style moins glauque mais tout aussi immersif, d'Harlan Coben.
Pour autant, le livre m'a permis de découvrir un auteur distrayant et très facile à lire, et je vais donc poursuivre ma lecture de la Trilogie du Mal avec la certitude de passer un bon moment de lecture.