L'être et le paraître
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Christopher Newman est américain. Parti de rien, il a amassé une fortune colossale à la force de son seul travail. A 36 ans, il entend maintenant jouir de ses rentes honnêtement gagnées.
Fraichement débarqué à Paris, le livre s’ouvre en 1868 sur sa première visite au Louvre. C’est là qu’il rencontre par hasard Tom Tristram, un ami de longue date. Celui-ci l’invite chez lui (il s’est installé à Paris) et le présente à sa femme. C’est Mrs Tristram qui, par une remarque dont elle ne mesure pas encore l’ampleur, met le lecteur sur la route d’un fabuleux roman : « vous aimeriez vous marier ? demande-t-elle à Newman : je vous conseille une jeune veuve qui compte parmi mes amies d’enfance. Je vais vous présenter à Claire de Cintré. »
Ainsi Newman rencontre-t-il la comtesse de Cintré. S’il ne tombe pas éperdument amoureux d’elle au premier regard (nous ne sommes pas, après tout, dans un bouquin de la collection Harlequin), l’américain est séduit. Il juge la jeune femme convenable en tout point et correspondant à l’idée qu’il se fait d’une bonne épouse. Le lecteur pourrait craindre que Newman cherche encore à s’enrichir en ajoutant un nouvel élément à sa riche collection. Mais il est un bon gars et sa sincérité ne peut être mise en doute.
Mais Madame de Cintré n’est pas aussi accessible qu’il n’y paraît. Certes, elle est libre, jeune, jolie. Mais elle aussi (et surtout) noble. Elle appartient à une famille vieille de plus de mille ans dans laquelle aucune mésalliance n’est venue ternir la couleur du sang.
Nous sommes dans l’univers de Henry James. Une nouvelle fois, le romancier confronte la jeune Amérique à la vieille Europe. Modernité et individualité face au conservatisme, aux traditions, aux superstitions séculaires. Les deux mondes se côtoie sans jamais se mêler ni se comprendre. Lorsque l’américain énonce ce qu’il a construit et le rang auquel il s’est hissé, l’européen lui ne s’intéresse qu’à la classe sociale dont il est issu.
Ce roman de Henry James est féroce, cruel. La confrontation est riche en étincelles et malmène ses personnages. Le suspense est réel et embarque le lecteur durant la majeure partie du livre. Rien n’est joué car Henry James est capable de tout…
Magnifique une nouvelle fois.
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Créée
le 18 mars 2016
Critique lue 436 fois
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