L'âme est située si près de Dieu que le mot pauvre est une expression d'amabilité forte. Quand le cœur se tue de compassion et d'amour, en ces moments auxquels on ne peut presque plus retenir ses larmes, c'est le mot qui vient sur nos lèvres. « Pauvre enfant malade » ! « Pauvre travailleur » ! et surtout « Pauvre Julien Rochedy ».
Pauvre loupaille de youtube à cracher billevesées sur billevesées, ici on aura de la compassion pour toi.
On s'embête, osons le dire, et ce solidement, surabondamment et du haut en bas. On s’abîme de rengaines politiques ou littéraires. On a mal de tout ce qui nous fait vivant, pourtant l'homme s'acharne à solliciter de l'idéal, comme pour nous communiquer sa volonté d'aller toujours plus haut et plus beau qu'il ne l'est.
Mais je n'aurais jamais imaginé qu'on solliciterait un idéal bourgeois auprès de Julien Rochedy le bourgeois, sémillant bourgeoisement des affaires de casuistique bourgeois selon une perspective nietzschéenne embourgeoisée.
Les nietzschéens ne m'intéressent pas, ils peuvent gentiment faire déjétuve de leur morale d'esclave ou je-ne-sais-pas-quoi, ça m'est égal. À droite comme à gauche, comme au centre, en travers, au particulier. Ils ne me gênent personnellement qu'un petit peu, presque pas. Voyez en mes propos une admonestation affluant au service de ma propre bonté.
Car, Julien, ce livre est médiocre. Médiocre dans son essence, c'est-à-dire qu'il ne sert à rien, absolument et infiniment à rien.
La Bible nous apprend que le mal est insignifiant, le beau signifiant. Quiconque s'occupe des choses médiocre hait la lumière. Que doit-on alors dire de plus d'une centaine de pages myriakilogrammiques en idéologie, en insignifiance, en inutile, en médiocre, bref toutes ces choses que valent à l'artiste certaines accointances avec le diable.
Le public se tape indistinctement de la même fringale politico-idéologique, de droite comme de gauche, se régale admirablement de toutes les vétilles de Rochedy, des borborygmes d'Usul, des galimatias de Mouloud Achour, des cabotinages de Barbare Civilisé. Ils restent identiques, même carambouille, même inutilité, même insensibilité, truquée, laborieuse, même dévalorisation, même crapuleuse faillite.
Détrompez-vous, toutes ces néo-vedettes idéologiques modernes, de la moderne pacotille, sont toutes démarqueurs, pilleurs, angoissés de bluffer et de plaire et de mentir, putassiers jusqu'aux fibres, se créent puis se détruisent et ensuite s'effacent absolument au moindre gré de l'or et de la publicité du moment. Ces prétendus immenses créateurs ne sont qu'autant de fantoches imbéciles, virtuoses ventriloques d'articles Wikipédia. Les grands lupanars de YouTube, toutes les sous-galères de la démocratie, ne manqueront jamais de ces saltimbanques dépravés.
Les youtubeurs promouvant un retour au virilisme, sont encore si possible plus efféminés que les femmes. Par les ragots interminables, leur mesquinerie, l'hystérie de tout médiocriser, de tout juger, de tout ravaler au plus bas, encore plus bas, de plus en plus bassement, toute parole, tout inconnu, toute œuvre, tout lyrisme, tout mystère, sauf la merde bien entendu, la merde idéologique, dont ils se raffolent et se régalent encore plus effrénément, plus aveuglément. Ce sont eux qui entraînent leurs abonnés, qui les habituent à la publicité idéologique, au matérialisme objectiviste. A la vénération du super-confort, des superproductions, des super-bagnoles, enfin toute la super-connerie mécanisante et robotisante du marché. Tous ces miséreux, ces serfs délirants, vermoulus par la propagande idéologique de youtube délirent à présent de désirs matériels et de muflerie militante. Les pauvres méprisent les pauvres dorénavant.
Mais Julien, ma fillette Rochedy, pauvre putain de l'idéologie, qui vagabonde sur les trottoirs de youtube, toi qui livre à la paillardise des consommateurs que ton esprit dilacéré, garde encore une âme, un reste d'âme pour aimer car comme l'âme suppliante de Verlaine, au lendemain de sa reconversion, tu réclameras rien que « d'être l'agneau sans cris qui donne sa toison ».
Et ainsi tu comprendras « pleinement la vie et la vivre sereinement, avec bonheur, dans une floraison de joie, dans une constante, intense et pleine affirmation d’amour, donner à la vie des fruits sains et offrir à tous nos frères à la fois affection et soutien, comprendre l’inévitable douleur et rester fort dans les luttes fatales, mais aussi conscient et serein. » selon les termes de Leda Rafanelli, féministe, anarchiste, musulmane du 19ème et 20ème siècle.