L'Amour et les forêts par Pouyou
Si comme moi ce livre vous rebute en raison de son thème ne fuyez pas.
J'avoue que je redoutais fortement un récit en apnée uniquement porté sur les violences psychologiques vociférées par un mari pervers sur une jeune femme dénuée de sens critique.
La réalité de ce livre est plus nuancée. Tout d'abord l'héroïne s'avère complexe, à la fois lucide et aveuglée, capable de froideur, s’octroyant même par moment des velléités de liberté quand elle ne se réfugie plus dans ses rêveries. Béatrice Ombredanne nous plonge dans les affres de l'âme humaine : successivement attachante, irritante, bourrée de contradictions, il n'est pas toujours agréable de suivre ses mésaventures.
Toutefois, des moments de répit, véritables respirations au cours de la lecture, surgissent ci et là, lorsque son héroïne s'émancipe : que ce soit intellectuellement par la lecture et l'écriture ou socialement grâce à ses incartades polissonnes et des cafés pris en compagnie de ceux qui croisent sa route (Eric Reinhardt compris).
Mon bémol concerne le style : au premier abord, ce récit est magnifiquement bien écrit porté par un vocabulaire riche et bien choisi. Toutefois, cela n'est que mon avis, il n'évite pas l'écueil du bon élève qui veut trop bien faire. J'ai trop ressenti le travail d'écriture, le choix d'un mot plutôt qu'un autre ce qui m'a fait relevé la tête plusieurs fois au cours du récit.
Il est de ces livres qui ne procurent pas un grand plaisir de lecture mais qui, assurément, vous hantent à jamais, prenant toute leur densité quelques jours après avoir tourné la dernière page. "L'Amour et les forêts" fait parti de ceux là pour moi. Alors même si je n'ai pas adhéré à tout, même si l'écriture m'a parfois agacée, je n'en reste pas moins convaincue d'avoir lu là un grand écrivain en devenir.
PLT