J'avais été séduit par le titre et la couverture de ce roman de Joan Didion. Encore plus en apprenant que le texte portait sur le long processus de deuil.
On suit donc Joan Didion qui vient de perdre brutalement son mari, décédé d'une crise cardiaque le soir du 30 décembre, alors que leur fille est en soins intensifs pour une grave pneumonie et de multiples complications.
J'ai été assez désarçonné au début, le style étant très froid, presque dénué d'émotions. Mais au final, c'est ainsi que l'a vécu l'autrice je pense, et elle essaye dans un exercice d'honnêteté totale de nous montrer comment son année s'est passée. La première partie, tourne beaucoup autour de l'irrationalité, la fameuse "pensée magique". J'ai failli jeter l'éponge, car il est difficile de comprendre cette irrationalité. Chacun a la sienne et j'ai trouvé difficile de comprendre celle de l'autrice.
Mais ensuite, elle prend du recul, et analyse cette irrationalité, ce processus de deuil.
le chagrin du deuil, en fin de compte, est un état qu'aucun de nous ne connait avant de l'avoir atteint. Nous envisageons, (nous savons) qu'un de nos proches pourrait mourir, mais nous ne voyons pas au -delà des quelques jours ou semaines qui suivent immédiatement cette mort imaginée. Mais de ces quelques jours ou semaines, nous nous faisons une idée erronée. Nous nous attendons peut-être, si la mort est soudaine, à ressentir un choc. Nous ne nous attendons pas à ce que ce choc oblitère tout, disloque le corps comme l'esprit.
Il y a de nombreuses réflexions universelles. Son rapport au corps médical est très intéressant, montrant comment ce corps de métier est incapable de gérer l'irrationnel qui survient après la mort. Ce sont des professionnels du vivant, et Didion leur demande une expertise sur la mort. Il y a des moments sublimes, presque drôle (l'épisode de la blouse qu'elle s'achète et qui ne passe pas).
Au final, c'est un essai très réussi sur ce qu'est le deuil et comment chacun de nous doit apprendre à le gérer, dans tout ce qu'il a d'irrationnel.