rien à dire.
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le 26 nov. 2020
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C'est une grosse déception que ce roman, qui commençait pourtant si bien !
Hervé le Tellier écrit dans un style moderne, vif et joueur qui mêle élégamment les normes du récit bien littéraire typique de la NRF et les marques, célébrités et séries télé de notre culture pop quotidienne (le Lego fétiche remplacé encore et encore avec indifférence par Victor Miesel est un exemple marquant).
Il est maître dans l'art d'intriguer et de surprendre : le premier portrait de Blake (p.1) qui, après deux gros paragraphes, "n'est pas Blake" parce qu'il a onze ans et qu'on est subitement remonté dans le temps pour découvrir ses origines est une manière originale et un peu moqueuse pour l'auteur d'attirer notre curiosité tout en montrant qu'il mène la danse.
La lente réalisation que c'est un vol tumultueux qui relie tous ces personnages différents est bien amenée, tout comme l'élaboration du protocole 42 qui éclaire lentement la conversation étrange du pilote Markle avec de multiples interlocuteurs.
Les choses se gâtent dans la deuxième moitié du roman, lorsque Le Tellier n'a plus rien à cacher et que son mystère se révèle d'autant plus décevant que, comme il l'admet discrètement à travers ses références à
Matrix et Black Mirror
, d'autres que lui ont exploré avec bien plus de succès les mêmes questions et concepts, il y a déjà longtemps !
Il révèle d'ailleurs, au sujet de ces classiques pop, son ignorance ou celle des lecteurs qu'il vise : il se sent obligé d'expliquer ce qu'est le klingon, quel est le sujet de Matrix et ainsi de suite, autant d'informations qui ne sont qu'à un clic du lecteur ignorant de son siècle mais avide de le découvrir.
De même pour la
théorie de la simulation
, à propos de laquelle les réflexions grandiloquentes de ses personnages ennuieraient ceux des films qu'il cite et même ceux de livres aussi vieux que l'auteur lui-même. (La conversation de quelques secondes sur le goût du poulet dans Matrix est plus concise, plus mémorable et contient largement les mêmes implications ; sans parler de Plutarque et du bateau de Thésée.)
Par ailleurs, son style, dès la révélation passée, s'affaisse pour me rappeler celui des traducteurs de SF américaine des années 70 ou 80, franchement très en-dessous de son propre talent, en particulier lors des passages qui mettent en scène les scientifiques et les militaires (et les religieux, où on bascule carrément dans de l'ersatz de Woody Allen).
Il semble qu'Hervé Le Tellier n'ait pas su où mener son pitch pourtant ingénieux et c'est bien dommage. Je pense que j'aurais préféré un roman qui continue à se concentrer sur les personnages au lieu de leur donner des fins souvent navrantes, quitte à abandonner entièrement
l'idée du dédoublement (le seul passage réussi à en découler étant à mon sens celui où André voit son double imposer sa présence à Lucie sur la base militaire)
ou du moins à ne pas lui donner d'explication.
Ou, après réflexion, j'aurais préféré que Le Tellier choisisse entre écrire un roman vraiment "rayon littérature" ou un roman qui admet que la SF n'a pas besoin de Gallimard pour gagner ses lettres de noblesse. Malheureusement, il s'échoue à mi-chemin.
Créée
le 7 janv. 2021
Critique lue 308 fois
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