Je préfère de loin Antéchrista !!
Un ramassis d’insultes fielleuses sans la moindre argumentation ni la moindre réflexion philosophique. Même Diderot, Voltaire et les autres, dont Nietzsche s’inspire allégrement pour fonder sa montagne, ou devrais-je dire son minuscule monticule, de crasse et de boue nauséabondes, n’ont pas montré autant de misérabilisme dans leur critique. Toutefois, le livre à au moins le mérite d’être clair dans ses propos, et même cohérent parfois dans la lignée de la pensée de l’auteur, mais cela n’en fait pas, pour autant, un impératif philosophique. Nietzche, se rendant compte qu’il n’avait, aucun système véritable, aucun édifice théorique solide érigé sur une base stable, s’était peut-être dit « pourquoi se fatiguer à créer un système ? il serait infiniment plus amusant de détruire les autres ». Le voilà alors qui s’amuse à foncer tête baissée dans tout ce qui le dépasse, dans tout ce qui lui fait de l’ombre, jusqu’à finir par attaquer sa propre ombre. On peut entendre son rire sarcastique qui s’intensifie au fil des pages. Serait-ce par masochisme ou par pure méchanceté ? La question reste complète.
Bref, l’Antéchrist est avant tout un anti-Nietzsche, une antithèse écrite de la main-même de celui qui aurait dû l’effacer, une plaie qui vient s’ajouter aux autres à dessein de former une tâche visqueuse, sombre et informe, appelée de nos jour philosophie.