En Sibérie, à l'extrémité orientale du continent. Staline est au pouvoir et la joie de vivre dans les foyers plutôt modérée.
Pavel est militaire. Version chair à canon. L'URSS vient de se doter de l'arme nucléaire et, pour les besoin des derniers tests, enterre quelques "volontaires" dans des abris pas vraiment antiatomiques avant de balancer une bombinette sur la zone. Le soviet a l'âme scientifique et assez rancunière : lorsqu'un prisonnier se fait la mal du goulag, l'URSS envoie l'armée à ses trousses pour faire un exemple. Pavel (qu'on a déterré) est de la partie.
L'archipel d'une autre vie est le récit de cette course poursuite à travers la taïga. L'été tire à sa fin et les premières neige sont déjà dans l'air. Au fur et à mesure que le lecteur s'enfonce dans cette jungle boréale, c'est toute la Russie du début des années 50 qui défile à travers le récit : la répression stalinienne, les camps, la délation omniprésente, la peur et la méfiance que nous inspire l'autre, la hargne qu'on met à rattraper le prisonnier (et les galons que sa capture peuvent rapporter) ou au contraire le souhait de ne jamais l'atteindre (car ce prisonnier pourrait aisément être nous, et que cette course poursuite nous soustrait un temps à la vie de caserne).
Ce roman est une chasse à l'homme qui a pourtant débuté de façon invraissemblable. Car le tout début de l'histoire met en scène un adolescent de 14 ans qui s'aventure à suivre discrètement un trappeur s'enfonçant dans la forêt. Le trappeur, qui n'est évidemment autre que Pavel, découvre qu'il est filé, chope le gosse, l'asseoit sur une souche vermoulue au coin d'un feu et entreprend de lui narrer sa vie. Entrée en matière peu crédible qui ne m'a pas aidé à entrer dans ce livre.
L'écriture est également un peu dérangeante. J'ai trouvé la prose de Makine un peu forcée. Avec beaucoup d'adjectifs, des compléments longs comme le bras, une prose se voulant recherchée mais qui ne convainc pas. La sauce finit toutefois par prendre. L'aventure finit par gagner. Un peu à l'arrache !