Je viens de compléter ma dernière lecture de « l'Art d'avoir toujours raison » selon Schopenhauer. À titre personnel ma lecture fut fructueuse et même passionnante, en ce qu'elle a poussé ma vieille caboche à s’interroger sur la manière de communiquer avec son prochain et surtout dans quel but et de quelle façon.
Un bon guide au titre drôlet, un peu aguicheur, en somme un bon attrape badaud (il eut bon effet sur votre pauvre serviteur), qui dissimule une acerbe critique de ce qu'est la dialectique selon notre joyeux allemand, une notion pratiquement reléguée à l'éristique (auquel elle finit même par se confondre) et la sophistique (je vous passe les nombreux détails, mais l’assimilation n’a rien de flatteur vous vous en doutez bien). Cette dialectique vue ici comme un stratagème bon qu'à argumenter au service soit du vrai ou du faux, mais toujours pour surpasser son interlocuteur et indépendamment du fait d'avoir tort ou raison, un sympathique outil, naturellement pervers en ce qu'il sert l'homme répugnant et son indécrottable arrogance.
Une croquignolette estocade portée à tous les supporters de la dialectique qu’ils élèvent gaiement en principe privilégié de la philosophie. Enfin tout cela remonte à loin, déjà un bien vaste débat du temps de l'Antiquité grecque. Notre bon Schopenhauer lui revient sur les pas d'Aristote, en poussant plus loin et en s'alignant sur ses contemporains avec Kant dans son viseur, mais, à nuancer vu que les travaux de Hegel également basé sur Kant à propos de la dialectique vont déboucher sur une conclusion inverse (lui qui la porte au contraire au plus haut sommet de la philosophie), mais pas forcément antinomique si on pousse un peu l'étude des contextes respectifs qui ont amené nos deux philosophes à leurs conclusions singulières (mais pour comprendre ses enjeux de manière satisfaisante, il faut alors s’épancher sur l’étude du texte de Kant).
En quelques mots, je vous conseille l’étude du texte rien que pour son côté burlesque. Quant à moi, pour approfondir le sujet de la dialectique, je me dirigerai naturellement vers le bien nommé « Critique de la raison pure » de Kant, mais avant ça un peu de Nietzche car c’est bon pour le moral ... la morale ... évitons ce genre de familiarité à l'avenir.