Un roman solaire
L'Art de la joie, ou la lecture parfaite de confinement : huit cents pages de lumière pour éclairer un peu ces temps pénibles. Solaire, ce roman l'est dès ses premières lignes, dès ce premier...
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le 7 avr. 2020
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(Librairie). Dans les mains d'une amie cet été, ce beau profil sur la couverture m'interpelle, et puis tout le monde semble la connaître. Il y aurait dans ce pavé un best seller féministe dont je n'aurais jamais entendu parlé. Quelques mois plus tard, c'est le bon moment, les livres courts se sont enchaînés, je suis prête à me lancer dans un pavé (800 pages en poche).
Entrer dans ce roman est troublant, scène de masturbation, de sexe oral, de viol, interviennent dès le début de la lecture. Pour en avoir discuté avec d'autres amies, cela a pu les freiner dans leur découverte. Le style me retient, il y a un ton qui vaut la caméra épaule du cinéma. D'une phrase l'autre on jongle avec les pensées de la narratrice (écrivaine?). Et cela me convaint, m'emporte.
Ca y est la lecture est passionnante, les personnages se déclinent les uns après les autres, parfois s'accumulent, on est en Sicile, la mer est omniprésente.
Et puis la politique fait une entrée fracassante, avec la guerre, qui se termine elle aussi. A partir de là je ne sais si c'est ma concentration qui faiblit, mais je commence à mélanger les âges des personnages, les époques, et parfois glisse sur des pages sans vraiment comprendre, tant pis.
Il reste des passages au récit universel dans cette fresque saisissante, comme le début de la troisième partie alors que Modesta a trente ans :
Quiconque a connu l'aventure de doubler le cap des trente ans, sait combien il a été fatigant, âpre et excitant d'escalader la montagne qui des pentes de l'enfonce monte jusqu'à la cime de la jeunesse, et combien a été rapide, comme une chute d'eau, un vol géométrique d'ailes dans la lumière, quelques instants et...hier j'avais les joues fraîches des vingt ans, aujourd'hui - en une nuit ? - les trios doigts du temps m'ont effleurée, préavis du petit espace qui reste et de la perspective finale qui attend inexorablement... Première, mensongère terreur des trente ans.
Qu'avais-je fait ? Avais-je gaspillé mes jours ? Insuffisamment joui du soleil et de la mer ? Ce n'est par la suite, à l'âge d'or des cinquante ans, temps plein de force calomnié par les poètes et l'état civil, ce n'est que par la suite que l'on sait combien de richesse il y a dans les oasis sereines où l'on se retrouve avec soi-même, seul. Mais cela vient plus tard.
Enfin, la mer. Nager, la liberté d'esprit et de corps fait partie de ce qui me marque le plus et qui traverse le roman.
J'ai aimé, j'ai beaucoup aimé, ces livres-là on en retrouve jamais des semblables.
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il y a 3 jours
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