L'Art français de la guerre par Kowalski
Prix Goncourt 2011, "L'art français de la guerre" aurait pu être un de mes gros coup de coeur! Oui, il aurait pu....
Il s'agit de la rencontre entre le narrateur, un jeune homme un peu paumé, et un vieil homme, Victorien Salagnon, militaire de carrière. Ce dernier va initier le jeune Lyonnais à l'art de la peinture tout en lui racontant son histoire militaire. Le narrateur nous retransmet cette carrière.
Et nous traversons trois conflits en compagnie de Victorien: la seconde guerre mondiale, l'Indochine et les "événements" Algériens! Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est passionnant!
Nous suivons les "aventures militaires" de cet anti-héros, car en effet, Victorien raconte sa vie avec honnêteté et un recul teinté d'un énorme sagesse! Il raconte ses guerres sans aucune volonté de se mettre en avant, n'hésitant pas à remettre ses propres actes en causes . Il se sert du recul qu'il possède désormais pour accompagner son récit de réflexions pertinentes sans tomber dans l'auto flagellation facile et, si il est loin d'être fier du comportement de l'armée, notamment en Algérie, il ne sombre pas dans l'excuse à tout va et dans le regret politiquement correct! Un personnage vraiment intéressant et honnête! Même son histoire d'amour avec Eurydice est belle et touchante! Une vraie oeuvre romanesque où la grande muette ne sort pas grandie! Bref, pour moi ce récit vaut bien un 9 voire un 10! Mais voilà, il y a un mais....un gros MAIS!
Mais le narrateur se sent obligé de couper ce récit de ses propres commentaires! Et là, il y a une vraie couille dans le potage! Car le moins que l'on puisse dire, c'est que niveau branlette intellectuelle, il s'y connait le bonhomme! Cette feignasse (car il ne semble pas prêt à prendre sa vie en main cet individu) se donne pour mission de nous apprendre la vie, rien que ça! Autant Victorien a, de par son expérience, la légitimité de nous faire part de ses réflexions, autant le narrateur qui semble passer sa vie à glander et se promener dans les rues de Lyon ferait mieux de la fermer! Avec son style ampoulé genre moi je sais faire de belles phrases et je suis un vrai philosophe, il fait plonger le roman dans une lourdeur d'un ennui incommensurable! Même sa grande histoire d'amour tombe à plat et sombre dans la niaiserie! Plusieurs fois j'ai eu envie de lui demander de fermer sa gueule, pour ne pas carrément lui mettre une bonne torgnole! Ces pseudo réflexions sur la guerre, la race et le racisme n'ont aucun intérêt! Dommage!
Alors, au final, mon avis sur ce Goncourt est très mitigé, et je recommande juste de lire cette oeuvre en sautant tout simplement les chapitres "commentaires", vous gagnerez du temps et vous profiterez pleinement d'un récit qui a des choses à nous apprendre.