Je suis toujours fasciné de constater comment une œuvre vieille de plus d'un millénaire peut entrer en résonance en moi.
L'assemblée des femmes est une pièce formidable car elle maintient l'ambigüité du discours d'Aristophane concernant la gestion de la cité par les femmes.
C'est une pièce que d'aucuns qualifieraient de féministe.
Dans l'édition folio classique que j'ai en ma possession et qui a servi pour la mise en scène de la pièce, un court chapitre est dédié à la traduction.
Il y est question des choix des traducteurs concernant les noms propres ou les jurons - qui sont légions - mais aussi ce pourquoi la pièce peut se vanter d'être unique : le mot le plus long, le composé monstrueux dont il a fallu se résoudre à en faire "une enfilade à tiroirs".
Ces précisions concernant la traduction sont intéressantes quant à la question de l'accessibilité du texte, notamment en ce qui concerne les jeux de langue, les jeux sur les mots.
Aristophane étant à mon sens , et cette pièce en est le parfait exemple, capable de la plus grande trivialité comme du jeu littéraire le plus élaboré.
Le système mis en place dans l'Assemblée des femmes rappelle à bien des égards celui de La République de Platon.
Un nouveau ton, un nouvel esprit que l'on retrouve bien moins dans Les Grenouilles par exemple, est présent ici. Nouveau ton qui explique en partie mon engouement. Aristophane y malmène ce système en confrontant les thèmes qui y sont développés à la rivalité mesquine de ses nombreuses dérives.
Peu à peu, le rôle du chœur est moindre, nullement nécessaire et fait la part belle aux dialogues truculents que le postulat politique de la pièce laissaient envisager.
Remarquons que ce système politique met somme toute peu de temps à péricliter, à dériver jusqu'à ce que ces vieilles femmes abusent de leurs privilèges.
Ce qui me plaît dans l'Assemblée des femmes ?
J'ai pris un plaisir certain à jouer la pièce comme à la lire.
Je considère la pièce comme plaisante par son sujet et ses personnages tout comme par son écriture et dans sa manière d'exprimer les dérives communistes.
Et puis, il y a des scènes de crêpage de chignon anthologiques.
Et c'est en soi, une raison valable de lire, jouer ou assister à une représentation de l'Assemblée des femmes.
9, subtilité grecque/10