J'ai toujours été au moins intéressé au plus fasciné par la notion primordiale voire même fondatrice du pardon dans les religions monothéistes.


Alors que Grâce à Dieu traite ce sujet par l'intermédiaire de multiples points de vue - ceux des victimes - et par l'intervention de l'Eglise, M voit la question du pardon émerger par Menahem, le protagoniste du documentaire.


Mes repères moraux, mes valeurs et ma sensibilité sont mis à mal par ce film qui m'a autrement plus dérangé que la dernière fiction de Ozon.


Il m'a dérangé parce que j'étais mal à l'aise durant la séance.
J'étais mal à l'aise parce que tout cela est vrai.


Tout cela est vrai parce que tout cela est vrai.


J'ai malgré moi tendance à m'investir émotionnellement quand un film me happe. Cette tendance s'illustre, dans le cadre de ce documentaire, par un procédé d'identification extrêmement efficace bien que non conscientisé.


Ici, la véracité des témoignages et la sincérité de la démarche m'ont sautés au yeux et y sont pour beaucoup dans mon appréciation plus que positive du film.


Pour autant, quelle rude séance ce fut.


Le sujet du film est rude mais le personnage de Menahem est lumineux et ça, j'ai eu du mal à le digérer.


On est entre nous, je peux vous le dire, M m'a autant plu que malmené.


Pourquoi ? Je m'en vais vous l'expliquer.


Ce film a fonctionné en moi en une accumulation.


Une accumulation de portraits entrecroisés qui ont comme dénominateur commun la pédophilie et comme liant Menahem lui-même.


Ces portraits sont aussi criants de vérité que saisissant. Ils m'ont traîné, vers un monde où je ne sais comment je dois juger une victime qui passe à l'acte au sein d'un cercle vicieux.


Qui suis-je d'ailleurs pour oser les juger ?


Ils m'ont traîné vers une culture où religion et tradition sont solidement ancrées.


Je n'ai pas déambulé entre ces histoires, je me suis heurté à elles, à leurs quotidiens de victimes.
Il est notable qu'alors que le film est principalement constitué de ces discussions entre Menahem et les personnes qu'il rencontre, chacune d'elles semble avoir sa place et apporter sa pierre à l'édifice.


Ce que je veux exprimer par là, c'est à quel point le tout est cohérent, à la fois captivant et éprouvant comme une plongée dans l'enfer du quotidien de ces hommes comme moi.


C'est alors que je me rend compte que le film parle beaucoup de la culture juive et de la religion juive, cela n'étant pas qu'un simple contexte puisque le retour de Menahem chez les siens est aussi celui d'une communion avec les siens.


On est entre nous, je peux vous le dire, le sourire de cet homme m'a ému. Il m'a ému car il est une sorte de respiration profonde qui m'a traversé afin d'éviter l'asphyxie due à cette plongée en enfer.


M m'a surpris dans sa manière très frontale d'aborder l'horreur du viol.


Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti un tel malaise dû à l'absence totale de réaction dans la salle. Ou peut-être ce malaise émanait-il de ma propre conscience, je ne sais pas.


Malaise/10

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le 2 avr. 2019

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Jekutoo

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