Comme beaucoup d'autres, je me suis lancée dans la lecture de l'Assommoir avec l'idée qu'il me fallait avoir lu au moins un livre de Zola dans ma vie, autrement remplie de lectures plus légères et moins classiques. J'ai opté pour l'Assommoir non parce qu'on me l'avait recommandé, mais parce que c'est le premier Zola sur lequel je suis tombée en fouillant la bibliothèque de mes grands-parents, à la recherche d'un livre à lire pendant de longues heures d'oisiveté.
Finalement, c'était un bon choix. L'Assommoir n'est pas assommant au sens propre : c'est un livre écrasant car il n'en ressort que du désespoir, même si au début on pourrait penser que Gervaise peut s'en sortir malgré un alcoolisme héréditaire et une situation difficile. Gervaise lutte et s'en tire plutôt bien pendant un certain temps, mais elle est rattrapée par les coups du sort (accident de son mari, retour de son précédent compagnon, rumeurs de sa belle-famille) qui finissent par l'accabler et l'écraser. Incapable de faire face à toutes ces avanies, elle finit par sombrer et s'abandonne à l'alcoolisme pour finir dans la déchéance la plus complète.
En fait, ce livre ressemble aux luttes auxquelles sont confrontés des milliers de gens tous les jours. Réaliste jusqu'à en devenir dégoûtant, choquant tant Zola a mis de détails dans chaque description - jusqu'à celle du repas de fête qui ne donne plus faim -, il est écrasant car à chaque page se retrouve une sensation que la chute est inéluctable, même si, peut-être, Gervaise aurait pu l'éviter. Critique de la condition ouvrière de l'époque et pourtant impitoyable dans la description des faiblesses de chacun, dénonciateur de la bourgeoisie aussi, passionnant car il présente des personnages torturés à l'existence mouvementée comme celle de tout un chacun, L'Assommoir s'est avéré une excellente lecture qui m'a tenue en haleine bien davantage que ne l'ont fait d'autres œuvres d'auteurs du XIXème siècle, à l'exception, peut-être, de Madame Bovary de Flaubert.