«Bonjour, Úrsula, bienvenue dans le monde des gros, où tous les miroirs t’annoncent de mauvaises nouvelles.»
Traductrice, affectée par un embonpoint qui tire vers l’obésité, Úrsula López a développé un sens aigu de l’observation et une capacité à imaginer la vie des autres, et notamment celle de sa sœur, très belle femme bien mariée, qui s’ennuie dans une vie trop luxueuse. Grosse, acariâtre et solitaire, incapable de résister face à la nourriture, Úrsula semble manquer de volonté.
Et pourtant, elle va se révéler dans toute son épaisseur (si j’ose dire), personnage d'une grande finesse, équivoque et complexe par excellence. L’imagination d’Úrsula rejoint la réalité lorsque les ravisseurs d’un riche homme d’affaires la contactent pour demander une rançon, la confondant avec l’ex-épouse de l’homme d’affaires, son homonyme.
Se jouant jusqu’au bout des codes du roman noir, «L’autre femme» dépeint de manière fine et drôle les exigences envers les femmes, les tourments du surpoids, prenant rapidement l’allure d’un thriller, dans une intrigue dont Úrsula semble être la clef de voûte, entre un ravisseur terrifié et une ex-épouse machiavélique.
«Méfiez-vous des apparences» pourrait être le sous-titre de ce roman totalement savoureux publié en 2017 et traduit de l’espagnol (Uruguay) par Marianne Million en 2022 pour Quidam éditeur.