Si puissant qu'on en oublie presque sa propre vie, que nos pensées se confondent avec celles de Asle, ce peintre veuf qui habite un village reculé de Norvège sous la neige. Asle ne fait que ça : il pense, il dit, il regarde.
Dans une économie de vocabulaire, Jon Fosse nous entraîne dans sa musique répétitive (lui qui aime tant les minimalistes comme Philipp Glass ou Ärvo Prt) qui s'imprime au plus profond de nous. Le soliloque d'Asle qui devient Asle ou Asleik ou Ales devient un chant, une ode à la vie. De tous ces mots juxtaposés, comme le sont les instants de nos vie, jaillit par moments de sublimes images qui résonnent avec fracas, la musique devient différente, elle expose d'un coup, et la Grâce nous saute la gorge. Impossible de ne pas sentir la gorge se nouer et les yeux se noyer : Jon Fosse parle directement à notre âme.
On retrouve dans ce roman beaucoup des thèmes chers à Jon Fosse, que je ne connaissais qu'au travers de son oeuvre dramatique. Sa littérature ne détonne pas, il est si entier que la musique est marquée d'un même sceau que ce soit pour le théâtre ou la littérature. La mort et les morts, la filiation, le rêve dans le sommeil et l'assoupissement, les images qu'il faut dépeindre, les souvenirs et les oublis, la poésie des choses du quotidien, la solitude loin des hommes, l'obscurité lumineuse, le Dieu qui est est dans chaque chose qui existe.
Absolument nécessaire !