L'Aveuglement
7.8
L'Aveuglement

livre de José Saramago (1995)

Un seul regret. Ne pas l'avoir lu plus tôt. Je l'ai terminé il y a quelques jours mais je peux dire qu'il ne fait aucun doute que ce roman va me hanter pendant très longtemps, à l'instar de 1984 de George Orwell.


Un homme se trouve dans sa voiture, à un feu tricolore. Il attend que celui-ci passe au vert. Quand soudain il s'écrit: "je suis aveugle, je suis aveugle." C'est le premier aveugle, le premier homme a être touché par la cécité blanche; cette épidémie qui finira par atteinte toute l'humanité, sauf une unique femme. Le fléau va très vite s'étendre pour n'épargner personne, pas même les plus faibles.


Le style de l'auteur peut paraître déroutant de prime abord: pas de ponctuations usuelles, les phrases s'enchainent sans quasiment de retour à la ligne, les dialogues perdus au milieu de tout ça sans les guillemets ou les tirets d'usage. Toutefois on se laisse très vite prendre au jeu. La forme du récit donne encore plus d'intensité à l'intrigue qui est de plus en plus pensante, dégoutante et dérangeante au fil des pages. Pour rajouter à tout ce semblant de capharnaüm, les personnages n'ont pas de nom: ce sont seulement le médecin, le premier aveugle, la femme du médecin, le voleur, la femme aux lunettes teintées, le vieillard avec le bandeau noir etc....


Imaginez une horde d'aveugles, sans aucun repère, sans aucun secours, essayant de survivre par tous les moyens possibles. Que ce soit des moyens légaux, illégaux, cruels, égoïstes... Des hordes d'aveugles enfermés comme du bétail dans un ancien asile, on la loi du plus fort règne, où chaque jour est une véritable lutte pour sa survie, où les pire monstruosités de l'âme humaine se révèlent au grand jour. Tout ça dans la crasse, la sueur, la merde, l'obscurité, l'odeur pestilentielle... Et vous imaginez aisément l'ambiance de ce roman.


C'est une belle leçon d'humanité que l'auteur cherche à nous enseigner ici, en mettant le doigt sur, ,justement le manque d"humanité de l'homme lorsque celui-ci se trouve poussé dans ses derniers retranchements, où c'est l'animal qui se trouve en chacun de nous qui prend les commandes...

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