Un jour de mars 2018, Clarisse Serre reçoit à son cabinet un appel téléphonique qu’elle manque prendre pour un canular. Un homme souhaite devenir son client, mais ne peut lui en dire plus par téléphone, ni se déplacer. Quelqu’un la recontactera pour convenir d’un rendez-vous dans Paris. Contre toute attente, elle accepte. Commence alors l’une des affaires les plus marquantes de sa carrière.
Si elle a choisi de raconter son expérience dans L’Avocate et le Repenti, c’est pour « dénoncer la carence et l’inadaptation des dispositions légales qui ont actuellement cours » (p. 15) dans le statut de Repenti tel qu’il est défini par la justice française. Confrères, juges, services de police, journalistes, Clarisse Serre, « la Lionne du barreau », assène de sévères coups de griffe. A juste titre. Car, comme elle le montre dans son ouvrage, rien ne garantit à un repenti qu’après ses révélations, sa sécurité et celle de sa famille seront assurées. Rien ne garantit non plus qu’il bénéficiera d’une exemption ou d’une réduction de peine. Dans ces conditions, qui voudrait prendre le risque de collaborer avec la justice ?
Clarisse Serre semble être une femme de convictions, qui n’hésite pas à dire les choses, à les marteler avec force. Cela se ressent dans le style : les phrases courtes et précises, l’exposé des faits, clair et sans détails inutiles. Clarisse Serre a à cœur d’expliciter les termes juridiques, les procédures, les usages qui encadrent son quotidien. Il y a des pages passionnantes sur le déroulement d’une audience, les relations entre services, les dysfonctionnements aussi, et pas des moindres ! L’affaire exposée est complexe et multiple, il faut parfois rester attentif pour bien comprendre l’enchaînement des différentes procédures. Mais malgré cela L’Avocate et le Repenti est une lecture plaisante et très enrichissante. Le souci constant de pédagogie de l’autrice est à mon sens l’un des points forts du livre.
Je souhaite que ce témoignage soit le déclencheur d’une prise de conscience des législateurs sur les failles du statut de Repenti tel qu’il est conçu actuellement. Ce serait, pour Clarisse Serre, une belle victoire.
Je remercie les éditions Sonatine et Babelio pour l’envoi de ce livre, obtenu dans le cadre de l’opération Masse Critique de février 2025.